« L’espèce » menacée
Les motivations seraient à la fois économiques et sécuritaires pour un contrôle efficace des mouvements d’argent frauduleux. L’utilisation obligatoire du chèque bancaire au-dessus d’un certain montant ferait de nouveau l’objet d’un projet de loi dans les bureaux au sommet de l’Etat.
Montant modulable
On dit que le montant serait revu à la hausse par rapport à la dernière tentative du gouvernement d’introduire le chèque pour les paiements supérieurs à cinquante mille dinars. En raison de l’inflation et des réactions possibles chez certains commerçants habitués à solder leurs achats en liasses de billets dans les fameux sacs noirs, les « chkaras ».
On prévoirait, cette fois, de moduler l’obligation du chèque en fonction de la marchandise à acquérir. Ainsi, par exemple, nous explique notre source au fait des discussions en haut lieu, « il se pourrait que les denrées alimentaires manufacturées et emballées soient soumises au chèque à partir de 300 000 DA de transaction (trente millions de centimes) quand les fruits et légumes seraient dispensés de cette mesure.
Pour ce qui concerne les autres biens de consommation, le montant maximum payable en liquide sera de 150 000 DA ». La même source ajoute que « les pouvoirs publics se seraient décidés à contrôler avec plus de conviction les mouvements de l’argent à travers le territoire national. Contre le blanchiment qui cache plusieurs variantes de la criminalité menaçant la stabilité du pays ».
Contre l’informel
Si une telle loi venait à être appliquée, il faut s’attendre à des répercussions de différents types. Il y a d’abord les conséquences économiques évidentes d’un endiguement immédiat de l’informel, ce commerce hors cadre réglementaire qui, pour certains, permet de tempérer l’inflation des prix mais qui demeure, pour les économistes sérieux, une vraie atteinte aux intérêts de la République.
L’usage du chèque en tant que document comptable à plusieurs facettes induira la généralisation de la facturation en bonne et due forme, l’identification du client et du vendeur, des indications sur le volume des marchandises sur l’axe du temps et bien d’autres éléments importants pour les institutions chargées de la régulation ou du contrôle. Les statistiques actuelles de notre tableau économique gagneront en précisions grâce au travail de recoupement et au suivi réel du marché.
On se souvient d’ailleurs que c’est au lendemain du resserrement des contrôles des services du commerce d’Alger au sujet des factures que des distributeurs de produits de première nécessité avaient décidé d’augmenter le prix de l’huile de table, notamment. Les émeutes sponsorisées dans un contexte de « printemps arabe » de l’hiver 2011 ont finalement conduit le gouvernement à différer sa lutte contre le commerce informel.
Contre le terrorisme
Ces derniers mois ont été caractérisés par la réactivation de réseaux terroristes conjuguée à une menace permanente aux frontières. Les services de sécurité algériens n’ignorant point que la violence terroriste puise son financement dans le business mafieux à l’intérieur et à l’extérieur du pays, ont maintes fois tiré la sonnette d’alarme et émis des rapports détaillés sur les filières de l’informel qui alimentent les caisses des criminels des maquis.
On sait que l’immobilier, les marchés d’automobiles d’occasion, la joaillerie et bien d’autres activités à gros fonds de roulement sont autant d’antichambres de la subversion d’AQMI, groupes affiliés ou dissidents. Pour empêcher cet argent sale et meurtrier de circuler impunément, les services des impôts, les douanes, les services de renseignements des corps constitués et autres intervenants dans la sphère économique ou judiciaire trouveront dans la généralisation de l’usage du chèque et de la facture un appui objectif. Pour un retour à la traçabilité de l’argent, des produits, des clients et des opérateurs économiques.
Méthode universelle qui permet d’isoler les trafiquants en tous genres, particulièrement ceux qui arment les sanguinaires qui s’obstinent à vouloir semer la désolation en Algérie. La mesure mérite donc d’être défendue par tous les républicains que compte le pays. Gare aux cercles d’intérêts mafieux qui voudront s’y opposer, ils seront passibles de poursuites pour soutien indirect au terrorisme…