L’Espagne accorde un permis de séjour à la militante sahraouie Aminatou Haïdar
L’affaire dite de la militante sahraouie Aminatou Haïdar, qui attendait l’obtention depuis octobre 2023 d’une prolongation d’un permis de séjour, a enfin connu un dénouement. Le ministère de l’Intérieur espagnol a finalement accordé la prolongation du permis de séjour à la militante sahraouie refugiée dans la péninsule ibérique. C’est ce qu’a annoncé son avocate Fatima Mohamed Fadel, citée par l’agence de presse espagnole EFE.
Le Commissariat général à l’immigration et aux frontières du ministère a informé la militante des droits de l’homme et présidente de l’Instance sahraouie contre l’occupation marocaine (ISACOM) que le permis de séjour qu’elle détient depuis 16 ans en Espagne a été renouvelé, écrit EFE.
Mme Haïdar s’est ainsi rendue à Laâyoune occupée depuis Las Palmas pour assister à l’enterrement d’un proche, avec la certitude de pouvoir revenir sans aucun problème.
Mercredi dernier, Me Mohamed Fadel avait expliqué que Aminatou Haïdar souhaitait se rendre au Sahara occidental occupé et qu’elle ne pourrait pas retourner en Espagne, car la prolongation de résidence qu’elle demandait lui avait été refusée pour des motifs d’ordre administratif. La militante n’avait pas complété son dossier de renouvellement de la carte de séjour.
Entre-temps, Aminatou Haïdar a fait appel devant la justice et la défense a reçu les deux documents permettant à la militante de voyager et revenir en Espagne : l’autorisation de retour de l’Immigration et la prolongation de séjour de l’Intérieur.
La présidente d’ISACOM avait dénoncé le fait qu’on lui ait refusé le renouvellement de son permis de séjour après 16 ans de vie entre les territoires occupés du Sahara occidental et l’Espagne, évoquant une « décision politique préméditée » des autorités espagnoles.
En 2009, Aminatou Haïdar avait observé une grève de la faim de 32 jours à l’aéroport de Lanzarote (îles Canaries, Espagne) après s’être vu refuser par les autorités d’occupation marocaines le retour au Sahara occidental.
Pour rappel, le refus par Madrid de l’autoriser à rejoindre le territoire espagnol pour des soins médicaux avait suscité de vives polémiques au sein des partis politiques.
Le Bloc nationaliste galicien (BNG) a présenté une batterie d’initiatives au Congrès et au Sénat dans lesquelles il demande au gouvernement de Madrid de rectifier sa décision et de réorienter sa politique au Sahara occidental, en référence au revirement unilatéral du chef du gouvernement Pedro Sanchez concernant la question sahraouie.
Pour le BNG, « la décision du gouvernement a provoqué rejet, indignation et incompréhension dans l’ensemble de la société » puisque Haïdar est connue « pour sa longue carrière de défenseur de la cause d’un Sahara (occidental) indépendant, ayant personnellement subi la répression, la torture, l’arbitraire, les détentions, voire les disparitions forcées ».
De son côté, l’Union progressiste des procureurs (UPF) a écrit une lettre ouverte au ministre espagnol de l’Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, dans laquelle elle qualifie de « scandaleuse et injuste » la décision de priver Aminatou Haïdar de son titre de séjour.