Une nouvelle livraison de crânes de résistants algériens attendue sous peu
Le dossier des crânes de résistants algériens détenus dans des musées en France, depuis plus d’un siècle et demi, connaitra bientôt son épilogue. La restitution de ces crânes a connu un long processus de négociations, depuis qu’un historien algérien ait révélé les secrets. Un premier rapatriement a eu lieu l’an dernier (vingt quatre crânes seulement) après moult tergiversations de la part des autorités françaises ( presque deux ans), d’autant que cette opération avait pris une dimension historique et symbolique.
Selon les dernières informations en notre possession, il a été convenu entre les deux parties que la restitution des derniers crânes sera achevée le mois prochain et que ce dossier sera considéré comme clos.
Le professeur Rachid Belhadj, chef du comité scientifique en charge du dossier d’identification des cranes des résistants nationalistes, a indiqué qu’une rencontre entre les experts algériens et français aura lieu le 7 juin prochain, avec au menu le point essentiel du rapatriement du reste des cranes.
Belhadj, qui est directeur des activités médicales et paramédicales et chef de service de médecine légale de l’hôpital universitaire Mustapha Pacha, a estimé ce vendredi dans une déclaration à la radio régionale de Sétif, que ledit dossier sera définitivement clos après cette rencontre, soulignant que les discussions sur l’opération de la restitution se déroule dans de bonnes conditions.
Avouant que cette question est épineuse, le professeur Belhadj a déclaré que « nous nous efforçons d’accomplir cette mission historique dans de meilleures conditions tout en respectant les lois et les engagements de chaque pays ».
Pour rappel, une équipe d’experts algériens s’est rendue l’an dernier au Musée de l’Homme de Paris, où sont exposés des dizaines de crânes. Dans la foulée, une commission mixte algéro-française a été créée à cet effet. Des pourparlers ont été engagés et des actions réalisées en dépit de la crise sanitaire qui avait, semble t-il, retardée l’achèvement de cette opération symbolique.
Faisant partie des scientifiques qui ont été désignés pour procéder à l’identification de ces crânes, le Pr Belhadj avait révélé, l’an dernier, les secrets de cette longue quête d’identification et les expertises faites sur ces crânes de chouhadas algériens du 19eme siècle.
« Pour réussir l’opération d’expertise d’un seul crâne, la délégation était tenue de vérifier les moindres informations et détails liés aux résistants. Nous avons repris les dates d’emprisonnement, les numéros de cellule, les noms des prisons, les registres d’écrou. En fait, il fallait remonter au CV de nos héros, d’autant que toutes les informations concernant ces pièces osseuses rangées dans le Musée de l’Homme étaient archivées. Il fallait aussi authentifier ces documents et ces archives vu qu’il y avait beaucoup d’écrits autour de ces héros algériens. Nous devions aussi nous mettre d’accord sur l’originalité des informations contenues dans les documents que nous allions utiliser durant l’expertise » dira t-il.
Le Pr Belhadj n’a pas manqué de révéler un moment mémorable lors de ses recherches: « nous sommes tombés sur le premier résistant décapité aux premières années du colonialisme français. Le premier Algérien avait été décapité un vendredi en 1832 à la rue Bab-Azzoun. Ce jeune Algérien s’était révolté contre l’ordre des choses imposé par le colonisateur français ». Le crâne de ce jeune a fait partie de cette première vague de rapatriement qui a eu lieu en juillet 2020.
Il faut signaler que selon le protocole signé entre l’Algérie et la France, la délégation des experts était mandatée pour enquêter et effectuer des recherches sur 40 héros de la résistance algérienne. Seulement 24 ont été authentifiés comme appartenant à des Algériens. Neuf autres crânes exigeaient de nouveaux examens techniques plus poussés. Selon ses premières déclarations, il existe pour la seule bataille historique de Zaatcha à Biskra pas moins de 80 crânes de résistants.
Plusieurs sources évoquent plusieurs centaines de crânes d’Algériens entreposés dans différents endroits en France. Au début du colonialisme sauvage et barbare, les militaires français et les colons n’hésitaient nullement à tuer et décapiter des Algériens, les uns pour terroriser les populations autochtones, les autres pour des considérations dites scientifiques, la chair des Algériens servait d’échantillonnage aux recherches en anthropologie et en phrénologie.
Enfin, il faut noter que le comité en charge de cette opération avec les Français est composé de représentants de plusieurs secteurs, la Défense nationale, les Moudjahidines, les Archives nationales, la Justice et la Culture.