Les propositions de Djeddi ou le retour gagnant de l’ex-FIS

Remis en selle par la Coordination nationale des libertés et pour la transition démocratique, à travers son sommet de Mazafran, et également par les consultations emmenées par Ahmed Ouyahia, chef de cabinet à la présidence, sur la révision constitutionnelle, les dirigeants de l’ex-FIS, toutes tendances confondues, se mettent en exergue encore une fois avec l’invitation du FFS à participer à une conférence nationale dite du consensus.
La dernière rencontre entre les chefs des deux camps a clairement démontré que l’ancien mouvement islamiste cherche à revenir sur la scène politique nationale, en profitant de toutes les occasions et opportunités.
Mieux, les chefs du FIS dissous jouent à l’intermédiaire en proposant déjà une médiation entre le FFS et la CNLTD, et même avec l’instance de concertation et de suivi qui regroupe l’autre bloc dit du changement mené par Ali Benflis.
Le refus de plusieurs partis politiques et des personnalités nationales de participer au projet du FFS, dont la date est fixée à la fin du mois prochain, a considérablement affaibli l’initiative du vieux parti de l’opposition, d’autant que son objectif premier est de rassembler le maximum des forces et sensibilités politiques autour d’un pacte de consensus et d’arrêter une feuille de route commune et unanimement acceptée.
Or, l’échec de cette initiative pourrait bien signifier également et paradoxalement l’échec de la plate-forme de Zeralda proposée par la coordination nationale. En fait, le niet des uns pourrait bien accoucher d’un autre niet vengeur des autres, dont le risque politique majeur est la création d’un effritement hétéroclite chaotique et l’élargissement du fossé entre les différents pôles.
Cela pourrait bien faire l’affaire du pouvoir et des sphères politiques qui le soutiennent, d’autant que ces derniers se cramponnent encore au vieux chantier de la révision de la Constitution. C’est sans doute cette situation qui ne pourrait pas faire évoluer les choses que les dirigeants de l’ex-FIS se montrent inquiets.
Alors qu’ils tentent depuis une décennie, de revenir sur la scène politique, soit en recréant organiquement le FIS sous une autre appellation, soit en fondant un nouveau parti politique, les anciens chefs islamistes faisaient face à une impasse, jusqu’au jour où Bouteflika décida de briguer un quatrième mandat.
C’est à ce moment là qu’ils ont compris qu’il va y voir une crise politique majeure que même l’alternative d’une consultation chimérique sur la révision constitutionnelle ne pourrait atténuer. C’était la chance unique de revenir sur une scène déjà encombrée.
S’il est vrai que le pouvoir a pu jouer sur la division en invitant à la présidence d’anciens historiques du parti ainsi que des chefs militaires ( Sahnouni était fondateur alors que Mezrag était chef de la branche armée AIS) pour discuter sur la révision, voilà que la Coordination nationale des libertés aura réussi à attirer les fameux trois leaders Djeddi, chef de l’organique de l’ex-FIS, Guemazi, l’ancien P/APC de la capitale et membre du majlis ecchoura et Boukhamkham, membre du bureau national exécutif au temps de Abassi Madani.
Autrement dit, la Coordination nationale a misé sur des politiques, pour ne pas dire des islamistes politiciens, surtout lorsqu’on sait que Djeddi fut, dans les différentes étapes de la vie courte de ce parti, l’un des cerveaux et l’un des piliers de la direction nationale de l’ex-FIS.
En étant responsable de l’organique dans l’un des partis qui se disait populaire et qui pouvait rassembler à l’époque des centaines de milliers de manifestants dans les rues de la capitale, Djeddi était considéré comme la clé de référence et se dirigeait tout droit vers le remplacement de Abassi Madani quand il fut emprisonné en juin 1991.
Aujourd’hui, non seulement l’ex-FIS guidé par Djeddi, se propose de jouer au médiateur entre le FFS, qu’il a soutenu au début des années 1990 et les deux blocs de l’opposition, dont des sensibilités islamistes en font partie, il lance également dans la foulée son propre programme de sortie de crise.
L’ex-FIS a mis au point un plan politique dont les principaux points sont : un accord sur un pacte national, suivi de la création d’un conseil dit de transition. C’est cette dernière instance qui prépare des élections générales, ainsi qu’une nouvelle Constitution.
Enfin, en même temps, ce conseil devrait désigner, selon des modalités à négocier, un président provisoire pour une durée transitoire. Un plan qui ne semble pas être l’antithèse du plan de transition de la Coordination nationale des libertés, ni du plan du FFS qui cherche à recréer un nouveau consensus national.
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