Les prix du pétrole frôlent les 90 dollars
La prolongation des coupes de production de pétrole mais aussi l’annonce d’éventuelles nouvelles baisses de production par les pays de l’OPEP+ ont fait grimper les prix qui s’approchent des 90 dollars. Une hausse conjoncturelle pour l’expert en énergie, Tewfik Hasni, lequel a signalé d’autres paramètres, autres que l’offre et la demande, qui vont intervenir dans la constitution des prix du pétrole.
Alors que certaines prévisions font état d’un baril de pétrole à 100 dollars et plus, Tewfik Hasni estime que la hausse actuelle est conjoncturelle. Dans sa déclaration au Jeune Indépendant, l’expert en énergie qui est aussi consultant en énergies renouvelables a affirmé que le prix du pétrole doit se situer dans une fourchette de 75 à 90 dollars.
Pourquoi ? « Le pétrole de schiste n’est rentable qu’à partir de 75 dollars et lorsque le prix dépasse les 90 dollars, le marché va s’écrouler », a précisé l’expert, qui insiste que dès que le prix dépasse ce seuil, le marché va s’écrouler. Selon lui, même à 80 dollars le baril, certains pays n’achètent pas, citant l’exemple de la Chine. « Ça devient un prix virtuel », selon M. Hasni, qui a souligné la nécessité de diversifier les ressources énergétiques.
Les paramètres qui interviennent dans la constitution des prix du pétrole, en plus de la règle de l’offre et la demande, ont été en outre soulignés par l’intervenant. Pour M. Hasni, l’évaluation du marché pétrolier ne peut plus se faire à partir des fondamentaux, à savoir l’offre et la demande.
« Ce sont d’autres paramètres d’ordre politique, économique et climatique qui interviennent dans la constitution des prix du pétrole », a-t-il fait savoir. Sur le plan économique, il a évoqué le fait que les Etats-Unis ne maitrisent les marchés mondiaux que par les accords avec l’Arabie saoudite qui l’obligent à vendre tout son pétrole en dollar.
« C’est comme cela que les Etats-Unis ont dominé les marchés mondiaux », a signalé l’expert en énergie. Le facteur politique est aussi un élément déterminant dans le marché pétrolier, a-t-il dit, citant l’engagement du président américain Joe Biden, de faire baisser les prix du pétrole et qui se bat pour cela. La guerre en Ukraine a également eu un impact sur le prix du pétrole.
La dimension climatique a été aussi évoquée par l’expert qui rappelle les recommandations de la COP 27, laquelle a recommandé de laisser 80% du pétrole et de gaz et 5 % de charbon sous le sol afin de maintenir les objectifs de limiter le réchauffement climatique à 1,5° en 2050.
Hasni a par ailleurs évoqué l’intégration d’importants producteurs de pétrole dans le groupe des BRICS, prédisant des changements sur le marché pétrolier. Les principaux producteurs de pétrole à l’instar de l’Arabie saoudite et de la Russie font partie de ce groupe, a-t-il noté, affirmant que le poids de ce groupe dépend des ressources dont il dispose, en plus du nombre important de la population qu’il regroupe. Le groupe des BRICS va ainsi avoir plus de poids, en assurant surtout sa sécurité énergétique, alimentaire et sanitaire.