Les petits triomphes du FLN
Ils sont quarante partis politiques et plus de mille associations qui ont déclaré leur soutien à l’initiative du Front de libération nationale (FLN) de constituer un front national de soutien au programme du président Bouteflika.
Les chiffres sont fournis par le porte-parole du FLN, qui veut ainsi réaffirmer aux détracteurs de l’initiative que le projet d’Amar Saidani a d’orès et déjà engrangé des adhésions qui lui permettent de constituer un bloc politique et social soudé.
Quarante partis, dont les observateurs pensent facilement qu’il s’agit de petites formations, sans grande envergure, ni enracinement populaire, ni même une certaine résonance médiatique. Tout le monde sait que ces 40 partis sont lilliputiens, absents dans les assemblées populaires communales ou de wilaya, pour ne pas dire de l’APN.
Des organisations, de création récente, mais inconnues dans les milieux politiques, sans ancrage et sans identité idéologique et un marquage particulier. Pour de nombreux analystes de la scène nationale, le Front national de soutien lancé par Saidani ne pourrait en aucun cas attirer les grosses cylindrées, voire les moyennes cylindrées, en raison des précédents discours durs et violents de la part du SG du vieux parti et de sa propension à vouloir mettre en exergue la suprématie politique et électorale du parti.
Récemment, Saidani n’a pas épargné, par exemple, le parti des Travailleurs de Louisa Hanoune, comme il avait critiqué sévèrement la démarche du FFS sur la tenue d’une conférence nationale sur le consensus. Il existe tellement de fractures et de fossés entre le FLN et les autres partis politiques, qu’il serait difficile, pour le moment, de croire à un éventuel rapprochement des points de vue.
La preuve, on la voit au niveau de l’APN, où les blocs parlementaires jouent en solo, où les groupes du PT ou du FFS, sans parler des islamistes de l’Alliance de l’Algérie Verte, ne ratent aucune occasion pour critiquer le gouvernement à majorité FLN. Des fractures politiques qui ont pris de l’ampleur, ces derniers temps, et qui mettent mal à l’aise le FLN de Saidani, soucieux de rassembler tout le monde autour de sa table.
Pourtant, au niveau du vieux parti, on savait que ce Front national allait être rejeté, non seulement par l’opposition radicale, comme les blocs du CNLTD ou le pôle organisé autour de Benflis, mais aussi par le FFS, le PT, le FNA de Touati, pourtant existants au niveau de l’APN et possédant un potentiel d’élus assez conséquent dans les institutions locales et régionales.
Or, voilà que le RND, proche parmi les proches de la mouvance présidentielle, vient de signifier qu’il ne rejoindra pas cette initiative du FLN, rajoutant ainsi au projet de Saidani ce brin de doute et d’incertitude sur l’efficacité et le réalisme de la démarche. En dépit des paroles d’apaisement des uns et des autres, le RND a dit non, alors que le MPA de Amara Benyounès pose des préalables. Il n’y a que Amar Ghoul, patron du TAJ, qui a fait « allégeance ».
C’est sans doute ce contexte qui préfigure un échec cuisant qui fait dire à Khaldoun, le chargé de la communication du FLN, que l’adhésion est importante chez les partis politiques et chez les associations. Reste à savoir quel est l’impact populaire de cette adhésion, quel est le poids politique de ces nouveaux ralliés. Le FLN se contentera-t-il de ses seuls petits soutiens pour annoncer que son projet est un triomphe ?