Référendum: Les « mal-aimés » courtisent le président
Reprouvés jusqu’à l’heure par la majorité des algériens pour avoir été un soubassement de la machine à propagande de l’ancien régime, les partis politiques ayant gravité autour de la présidence d’Abdelaziz Bouteflika veulent aujourd’hui naviguer encore dans la même orbite. Le référendum sur le projet de constitution le 1er novembre constitue du pain béni pour le FLN, le RND, l’ANR et TAJ. Habitués à vivre en s’adossant exclusivement sur le soutien au président, ces partis donnent l’impression de vouloir se servir du référendum comme tremplin qui les projettera cette fois-ci une fois vers les grâces de l’actuel locataire d’El-Mouradia.
Sans projet politique « consistant », ces partis montent au créneau pour se greffer au programme du président de la République, Abdelmadjid Tebboune alors qu’ils ne l’ont pourtant pas soutenu lors des dernières présidentielles.
Sentant leur mise au placard en bloc par l’opinion publique depuis le hirak du 22 février 2019, cette coalition, veille d’au moins une dizaine d’années, cherche à glaner des dividendes dans la « nouvelle Algérie », chère à Tebboune.
Le président Tebboune qui a préféré être « le candidat du peuple » depuis les élections du 12 décembre dernier, n’a pas décliné, du moins jusqu’à ce jour, une appartenance à un quelconque parti. A ce propos, Il a rappelé, à maintes occasions, qu’il n’est le candidat d’aucune formation politique et qu’il n’a pas la moindre intention de créer un parti. Selon les observateurs, une telle position se veut une manière de se démarquer de toute affinité partisane sans pour autant rejeter des soutiens frappent à sa porte. Pour ce faire, le président compte tabler sur la société civile. C’est ainsi qu’il nomma un ministre délégué chargé de la communauté nationale et de la société civile afin qu’il puisse lui brasser des soutiens loin des chapelles politiques.
Beaucoup estiment que ces partis s’agitent ces jours-ci avec empressement dans la seule finalité est de « se régénérer ».
Selon toute vraisemblance, leur objectif est devenir cette alliance à laquelle le président ne pourrait se soustraire.
Certains d’entre eux n’hésitent pas à « sous-estimer » le rôle que pourrait jouer la société civile dans la démarche du président.
Tayeb Zitouni secrétaire général du RND (Rassemblement national démocratique), juge d’ores et déjà que les mouvements de l société civile ne sont pas en mesure de remplacer la classe politique ou d’être aussi efficaces. « La société civile ne peut pas remplacer les partis politiques » a-t-il martelé mercredi dernier devant les militants de son parti, indiquant que sa formation politique est « prête à se mettre à la partie » concernant les grands projets de la République, dont la révision constitutionnelle.
Le même discours a été adopté par l’ancien parti unique, le FLN (Front de Libération nationale) qui a vu, mardi passé, l’installation de son bureau politique (BP), sur lequel, le secrétaire général Abou Fadl Baadji table pour les prochaines échéances politiques. Tout en annonçant la mise en place d’un plan de travail pour l’examen de la situation du parti, M.Baadji a invité les militants de son parti à « resserrer les rangs de la vieille formation pour un éventuel redéploiement », leur permettant de se replacer à proximité de la sphère présidentielle. « Le FLN va revenir en force au champ politique et compte jouer un rôle important dans les prochaines échéances de novembre sur la Constitution », disait M. Baadji devant les membres du BP de son parti.
TAJ emboîte se colle au peloton
Dans le sillage des sorties de ses ex-alliés, TAJ de l’ancien ministre des travaux publics, Amar Ghoul, actuellement incarcéré pour affaires de corruption et dilapidation de denier public, décide d’emboîter le pas au FLN et au RND. Il sort ainsi d’une longue hibernation qui a duré depuis la date de l’arrestation de son président en juillet 2019. Le parti Tadjamou Almel EL jazair (TAJ) a exprimé « son adhésion au processus d’instauration d’une nouvelle Algérie », via un communiqué rendu public jeudi passé.
Pour Belkacem Sahli, président de l’Alliance nationale républicaine (ANR), un fervent supporter de l’ancien régime, le souci majeur, à travers son soutien au programme du président Tebboune, est de se coller, à tout prix, au pouvoir en place pour garantir sa survie sur l’échiquier politique, selon la conviction partagée par nombre d’analystes. L’on se souvient encore de sa déclaration à la veille du déclenchement du Hirak en disant que « la candidature de Bouteflika pour un cinquième mandat n’est qu’un sacrifice de sa part pour entamer la transition générationnelle ».
Quant à El Karama , dirigé actuellement par Mohamed Daoui, il compte parmi les partis microscopiques qui pullulent dans paysage politique. Il doit sa « célébrité », rappelons-le, à la fameuse déclaration de son ex-président, Mohamed Benhamou réclamant du président déchu « une récompense » digne de son « soutien indéfectible » apporté des années durant.
Tout compte fait, ces partis censés, par définition, exercer l’acte politique en menant la bataille de la concurrence dans les programmes pour accéder au pouvoir et être à la hauteur des aspirations du peuple, ne font que perpétuer la démagogie.
Ils se contentent, selon toute vraisemblance, d’exprimer leur soutien et d’offrir leurs services pour le rendez-vous de Novembre, et pourquoi pas former une nouvelle alliance « pro-Tebboune », dans le seul but de se repositionner et chercher une nouvelle rente.
Ayant cautionné massivement « l’incurie politique » qui marquait le pays, ces mêmes formations politiques refont surface avec, pour certaines, de nouvelles têtes, mais sans vraiment changer leurs pratiques « opportunistes ». Pis encore, certains partis n’ont pas froid aux yeux en portant, aujourd’hui, l’habit d’un défenseur des lois de la République et de la moralisation de la vie politique.