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Monde Europe

Les larmes de sirènes polluent la scène politique: L’Espagne face à un inquiétant drame écologique

Les larmes de sirènes polluent la scène politique:  L’Espagne face à un inquiétant drame écologique
Des millions de microbilles déversées sur les plages espagnoles

Depuis la mi- décembre 2023 au nord-ouest de l’Espagne sur la littorale des côtes de la Galice, des millions de billes en plastique ont échoué sur le sable, donnant lieu à une catastrophe écologique sur l’environnement, selon le gouvernement espagnole et des associations de protection de l’environnement.

Parfois désignés sous le terme de « perles de sirène », ces petits granulés en plastique sont employés par les chaines industrielles dans la production d’une variété de produits du quotidien, allant de bouteilles d’eau à des sacs en plastique et ne sont pas biodégradables.

Depuis le déversement en mer le 8 décembre de six conteneurs tombés d’un navire marchand le Taconao battant pavillon libérien en route entre Algésiras et Rotterdam, de petites billes blanches envahissent désormais les plages de Galice, a précisé le fabricant des granulés, Bedeko Europe, dans un communiqué.

Maersk, le géant danois du transport maritime propriétaire de ces conteneurs, a indiqué que l’un d’eux renfermait des sacs remplis de granulés de plastique utilisés notamment dans la fabrication de bouteilles en plastique et des sacs de courses.
« Nous ignorons encore quelle pourrait être l’étendue » des dégâts, a indiqué la ministre espagnole de la Transition écologique, Teresa Ribera, sur la radio Cadena Ser, le 9 janvier.

Selon El Pais, le gouvernement régional de la communauté autonome de Galice a actionné le premier niveau d’urgence mais exclut pour l’instant d’activer le niveau 2, celui qui permet une prise en charge fédérale de l’incident.
Dans cette zone d’Espagne, toujours marquée par les séquelles de la marée noire causée en 2002 par le naufrage du pétrolier japonais Prestige, des centaines habitants de la région accompagnés par des ONGONG Une organisation non gouvernementale (ONG) est une association à but non lucratif, d'intérêt public, qui ne relève ni de l'État, ni d'institutions internationales se sont munis de passoires, de seaux se sent rendu à la plage de la petite ville côtière de Ribeira en Galice pour la nettoyer.

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Des bénévoles en action avec des moyens rudimentaires

Mais la tâche est très difficile selon le communiqué de l’ONG « Écologistes en action » qui indique que « ces micro billes sont de 5 mm de diamètre ce qui les rend très difficiles à récupérer une fois mélangées au sable ». L’ONG a déposé mardi dernier une plainte contre l’armateur du navire pour « crimes contre l’environnement ». Cristobal Lopez, porte-parole de l’ONG, déplore que l’État et les autorités n’aient pas mis les moyens. Il aurait été bien plus simple de récupérer les sacs entiers dans l’eau juste après la chute des conteneurs, insiste-t-il.

En raison de la forme et la taille de ces granulés qui se mélangent avec le sable, « attirent de nombreuses espèces d’oiseaux, de poissons et de crustacés qui les confondent avec des œufs, ce qui les conduirait à empoisonnement certain ou se retrouvent dans l’alimentation humaine, prévient « Écologistes en action ».
Cette semaine, le parquet général espagnol a annoncé son implication dans l’affaire et a ouvert une enquête.

Le gouvernement de Galice a activé son plan antipollution, déclarant le niveau d’alerte deux sur trois du plan d’urgence de protection civile le mardi 9 janvier.
Selon une estimation réalisée pour la Commission européenne en 2018, jusqu’à 167.000 tonnes de micro-billes plastiques s’échappent chaque année dans la nature en Europe.

Néanmoins, cette affaire a pris une dimension politique à un peu plus d’un mois des élections régionales en Galice, fief du leader de l’opposition de droite au niveau national, Alberto Núñez Feijóo.
Le gouvernement de gauche a accusé la région, longtemps dirigée par M. Feijóo et toujours contrôlée par le Parti populaire, d’avoir tardé à solliciter l’assistance de l’État.

Mardi, le parti d’extrême gauche Sumar, membre de la coalition gouvernementale du Premier ministre socialiste Pedro Sánchez, a annoncé le dépôt d’une plainte pour « inaction » contre cette région.

Face à ces accusations, M. Feijóo a répliqué le même jour en soulignant que « ce qui est toxique » dans cette affaire, c’est « l’utilisation politique » qu’en fait la gauche. Mais si le débat politique est pollué par cette affaire, la question de l’environnement est quasiment de l’ordre du sacré en Espagne, un pays dont les côtes attirent des millions de touristes par an.

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