Les langues se délient dans l’Affaire Khalifa Bank
Il était ancien ministre du Travail et des affaires sociales à l’époque des faits. Les caisses sociales, comme la CNASCNAS Caisse nationale de la sécurité sociale ou la Casnos, dépendaient de son département.
Ces caisses à l’époque ont fait des dépôts importants au niveau de cette banque, évalués à plusieurs centaines de milliards de centimes, espérant des dividendes, surtout que celle ci offrait des taux fort avantageux. Mais, l’écroulement et la faillite de Khalifa Bank a provoqué une véritable catastrophe chez ces caisses, qui risquaient avec l’argent des oeuvres sociales et des cotisations des travailleurs. C’est tout naturellement que Aboudjera Soltani soit convoqué pour apporter son témoignage sur les dessous de ces dépôts.
Ce mardi, e procès de l’affaire Khalifa Bank s’est poursuivi au tribunal criminel près la Cour de Blida avec l’audition des parties civiles et les témoins dans cette affaire.
Lors de son interrogation, l’ancien ministre de Travail a déclaré qu’il ignorait les montants des dépôts de son département dans Al Khalifa Bank. « il y avait plusieurs caisses, et je n’étais pas au courant qu’elles déposent leurs fonds à khalifa bank », a-t-il répondu sur une question à propos des caisses.
Le juge insiste : vu que les montants étaient importants, pourquoi n’avez-vous pas remarqué ça ?. « Je ne l’ai pas remarqué parce que c’est les responsables de ces caisses qui sont censés donner les rapports », a répondu Aboudjerra Soltani.
Sur ce point, le juge indique que le directeur de la CNAC avait fourni tous les rapports concernant les dépôts de la caisse dans Khalifa bank. Le témoin nie catégoriquement cela en affirmant n’avoir « reçu aucun rapport de ce genre ».
Le juge ajoute à l’adresse de l’ancien ministre : « Saviez-vous que la Cnas déposé 1000 milliards de centimes, le FNPOS 1400 milliards de centimes et le CNR 4000 milliards de centimes ? ». Encore une fois, le témoin imperturbable répond ne pas être au courant de ces faramineux dépôts.
Pour rappel, le procès qui a débuté dimanche dernier suite à la réponse favorable de la Cour suprême au pourvoi en cassation du dernier verdict prononcé en 2015. Le principal mis en cause Abdelmoumène Khalifa a été condamné par le tribunal criminel près la cour de Blida à 18 ans de prison ferme, assortie d’une amende d’un million de da avec confiscation de l’ensemble de ses biens.
Lundi, l’accusé principal dans cette affaire a nié lors de son audition par la présidente d’audience, « l’existence de trous financiers dans la banque avant qu’il ne quitte le pays en 2003 ».
« On ne peut pas dire que les agences relevant de Khalifa Bank ont enregistré de grands trous financiers, si l’agence principale de Cheraga (Alger) n’avait enregistré aucun trou financier, à l’exception d’un montant de 10.000 DA ».
Il a affirmé que « toutes les agences bancaires relevant de sa banque étaient encore solvables », avant qu’il ne quitte le pays en mars 2003, après que soit mis fin à sa fonction à la tête de son groupe.
« Les fonds de ces banques ont été pillés, dès que j’ai quitté le pays,avec la complicité de l’ancien système », a-t-il ajouté, précisant qu’il n’en est en aucun cas responsable.
Il a, également, réfuté toutes les déclarations de l’administrateur d’ElKhalifa Bank, Mohamed Djellab, désigné par la commission bancaire de la banque centrale pour gérer la banque après son licenciement. Selon Abdelmoumène Khalifa, les déclarations qui signalaient l’existence d’importants trous financiers, « étaient dictées par l’ancien système ».
Il a, par la même, rejeté toutes les déclarations des témoins et accusés dans cette affaire l’impliquant, soutenant que ces derniers étaient, « sous pression de l’ancien système ». Selon lui, « ces déclarations étaient contradictoires durant l’instruction ».