Les femmes de la ville à Alger
Nissaa El Madina, une pièce théâtrale adaptée de l’œuvre de William Shakespeare Les joyeuses commères de Windsor et produite par le Théâtre régional de Constantine, est présentée ce vendredi 27 mars, à Alger, dans le contexte de la Journée mondiale du théâtre.
Le public algérois, très peu nombreux, a pu apprécier au Théâtre national algérien Mahieddine-Bachtarzi (TNA) la pièce théâtrale Nissaa El Madina (Les femmes de la ville), une œuvre comique jouée dans un registre burlesque. Mise en scène par Shahinez Neghouache, elle a séduit l’assistance par la légèreté de l’intrigue et le jeu des comédiens.
A cette occasion, le Théâtre national algérien a également rendu hommage au comédien Abou Djamel, Azerki Rabah de son vrai nom, âgé de 77 ans, qui a marqué les planches du quatrième art algérien depuis la fin des années 1940.
Né en 1938 à la Casbah d’Alger, Abou Djamel avait fait ses premiers pas sur les planches du théâtre avec Hassen Hassani puis Keltoum et Noria avant de devenir en 1950 le comédien fétiche de Rouiched qui l’a distribué dans la plupart de ses œuvres.
Emprisonné à plusieurs reprises pendant la guerre de libération nationale, le comédien rejoint le TNA au lendemain de l’indépendance avant de marquer les esprits par ses rôles au cinéma notamment dans Taxi el makhfi (Taxi clandestin) de Benamar Bakhti (1989) aux côtés de Ouardia, Othmane Ariouat et Yahia Ben Mabrouk, ou encore dans Hassen Taxi (1982) de Mohamed Salim Riad avec Rouiched.
A l’occasion de la journée mondiale du théâtre, célébrée le 27 mars de chaque année, le comédien Ibrahim Chergui a lu le traditionnel message de célébration rédigé chaque année par un homme de théâtre de renommé mondiale et diffusé dans le monde entier.
Pour cette 53e célébration, le message a été rédigé par le metteur en scène polonais Krysztof Warlikowski. Ce dernier souhaite voir se généraliser un théâtre « basé sur la vérité et finissant par l’inexplicable » dans un monde « marqué par les crimes et les conflits » devant lesquels les hommes « se sentent impuissants horrifiés et dépassés ».
Il estime que « les vrais maîtres du théâtre se trouvent généralement loin de la scène. Et ils n’ont souvent que peu d’intérêt pour le théâtre en tant que machine à copier les conventions et à reproduire les clichés ». Il confie que « le plus souvent je me tourne vers la prose pour me guider dans la bonne voie.
Chaque jour qui passe, je me rends compte que je pense à des écrivains qui ont décrit il y a plus de cent ans, de façon prophétique mais contenue, le déclin des dieux européens, le crépuscule qui a plongé notre civilisation dans une obscurité qui doit encore être illuminée. Je pense à Franz Kafka, Thomas Mann et Marcel Proust. Aujourd’hui je compte aussi John Maxwell Coetzee parmi ce groupe de prophètes ».
Initiée par l’Institut international du théâtre (Iti) en 1961, la journée mondiale du théâtre est célébrée chaque 27 mars par la communauté théâtrale du monde entier qui organise des événements nationaux et internationaux pour cette occasion.