Les différentes formes de mendicité ou l’innocence bafouée

Des adolescents, à peine sortis de l’enfance, une mine farouche et un corps frêle, victimes des conditions socio-économiques déplorables que vivent leurs familles s’adonnent aujourd’hui, dans la ville d’Annaba, à différentes formes de mendicité pour aider, voire carrément subvenir aux besoins de celles-ci.
Devant la misère qui touche de plus en plus de ménages, de nombreux enfants conscients malgré leur jeune âge de la triste réalité, ont été contraints d’exercer des activités nocives pour leur santé mais aussi humiliante et pénible pour leur âge. La collecte de bouteilles en plastique, ou tout autre objet pouvant être exploité dans le cadre du recyclage, fait justement partie de ces activités. Cependant, les enfants négligent les risques et dangers découlant d’un tel « métier ».
Seuls ou en petits groupes, ces jeunes agissent, avec un grand « savoir-faire », fouillant méthodiquement les décharges publiques à la recherche de ce « précieux » plastique qui leur permettra de gagner quelques dizaines de dinars. Interrogés par notre journal, certains d’entre eux ont expliqué avoir opté pour cette activité au rendement maigre, certes, mais qui demeure à leurs yeux honorable dans la mesure où elle les met à l’abri du besoin et, surtout, de tout acte délictueux que le besoin pourrait susciter.
Bien que quelques-uns d’entre eux soient trop jeunes, âgés à peine de 6 à 9 ans, ils ont affirmé, avec une certaine assurance, que ce « métier » constitue pour eux, un véritable gagne-pain. Interrogés sur son niveau d’instruction, Kader a indiqué que ses conditions sociales déplorables l’avaient contraint à quitter les bancs de l’école il y a deux ans déjà, et ce afin de se consacrer entièrement à son travail.
D’autres enfants ont, quant à eux, opté pour une activité tout à fait différente. Celle-ci consiste en la collecte du pain rassis par des jeunes et moins jeunes, qui déambulent à travers quartiers et cités en quête du « khobz yabes », usant pour cela de tous les procédés leur permettant de remplir leurs sacs qu’ils revendront aussitôt. Appelant les habitants ou faisant carrément du porte-à-porte, ces enfants soulignent qu’ils ont été contraints d’exercer cette activité pour les mêmes raisons invoquées par les premiers, à savoir l’indigence qui sévit sous toutes ses formes, au vu et au su de tous, sans que qui que ce soit ne semble pouvoir y faire quelque chose.
Une autre façon de « gagner sa vie », dans cette ville hospitalière consiste malheureusement en la mendicité à laquelle recourent de plus en plus d’enfants. On les retrouve pratiquement dans tous les coins de la ville. Ils se postent » généralement devant l’entrée des divers commerces (restaurants, fast-foods, magasins d’alimentation, pâtisseries, etc.) mais ont une préférence pour les marchés, les stations de bus et les mosquées. Ils supplient et parfois même insultent les passants, tendant de les forcer à leur céder quelques dinars.
Sur le sort de ces « travailleurs » d’un autre genre, que les adultes exploitent sans aucune pitié ni aucun remords pour susciter la générosité des citoyens, personne ne peut s’empêcher de s’apitoyer et de blâmer tous ceux (société et autorités) qui sont responsables de la dégradation de leurs conditions sociales. Quoi qu’il en soit, le phénomène de la mendicité de ces innocents semble prendre de l’ampleur au sein de notre société, et ce en l’absence de l’intervention de ceux-là mêmes qui sont censés protéger ces êtres fragiles, que la vie n’a pas épargné en les faisant basculer dans un monde cruel où le côté financier prend le dessus les dénuant ainsi au fur à mesure de leur innocence.
Sans avenir, ces nombreux jeunes qui n’ont bénéficié ni d’instruction ni d’aucune formation leur garantissant plus tard un travail, deviendront, pour la plupart d’entre eux, une charge supplémentaire pour l’Etat et une source de prolifération d’une multitude de fléaux sociaux que nul ne sera en mesure de prendre en charge.
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