Les déboires de Bouchouareb
Après le clash par médias interposés, le patron de Cevital part à l’offensive, quand le ministre de l’Industrie tente à nouveau de le discréditer. L’attaque est frontale. Mais elle n’est pas très adroite.
Curieusement, on ne se souvient pas d’un tel brouhaha-mediatico-politique. S’il y a un ministre du gouvernement Abdelmalek Sellal qui possède la palme de mauvais communicateur ou de celui qui enfreint les règles de bienséance c’est bien le ministre actuel de l’Industrie, Abdesslem Bouchouareb.
Le conflit qui l’oppose depuis peu au patron de Cevital, Issad Rebrab en est l’illustre démonstration d’un commis de l’Etat qui se croit tout permis de par sa puissance faisant même abstraction du droit de réserve que lui procure sa fonction. En l’espèce, cette attitude s’apparente au fait du prince. Pour beaucoup, Rebrab est victime d’une machination machiavélique.
Pourtant le ministre avait les cartes en main –il a affirmé détenir un dossier complet- pour confondre Rebrab en ayant recours aux voies de la justice. Il avait aussi la possibilité de recevoir le patron de Cevital et lui signifier la prétendue non-conformité de son dossier et lui montrer les voies à suivre pour se mettre en conformité avec la loi tels que dicté par les usages dans de tels circonstances. Rien de tout cela.
Au contraire, le ministre s’est épanché devant la presse et devant aussi un ministre étranger sur ce dossier accusant l’intéressé de vouloir cacher au Trésor la somme de 4 millions d’euros ou plus exactement de surfacturation ce qui constitué aux yeux de la loi un grave délit.
Le ministre s’est acharné sur le patron de Cevital tout en omettant de citer d’autres industriels qui ont pourtant beaucoup à se reprocher. Rabrab qui a vu son usine de Sétif partir en fumée a continué à payer pendant une année ses 600 salariés au chômage forcé. Au lieu de l’aider à remettre en marche son usine, on le charge de délits fictifs pour l’anéantir.
Cet épisode illustre désormais la méfiance politique, à l’égard des patrons algériens qui contribuent véritablement à l’essor économique du pays. En focalisant ainsi le débat public sur les grands patrons, n’oublie-t-on pas de traiter les problèmes liés au redressement de l’outil de production ou de relancer la machine industrielle en panne depuis une décennie.
Malgré des arguments approximatifs, le ministre de l’Industrie réaffirme à nouveau qu’il « avait à dire ce qu’il à qu’il (Rebrab) fasse ce qu’il a envie de faire ».
Est-ce à dire qu’un ministre est là uniquement pour dire devant l’opinion publique les « choses » dont il a seul le secret.
Mais, a-t-il ajouté, il tenait à dire cela au peuple algérien pour qu’il voit comment cette entreprise et cet homme d’affaires fonctionnent ».
Il devient ainsi un juge et non pas un partenaire. Un ministre traite les dossiers et ne commente pas un acte. Il explique et argumente et si besoin est convoqué le porteur de projet pour l’aider dans sa démarche. Rien ne fût de tout cela. Le ministre a refusé toutes les demandes d’entrevues et a fermé toutes les portes de son ministère.
Le patron de Cevital a demandé auprès du président du FCE, Ali Haddad d’intercéder en sa faveur pour ramener ce ministre à plus de compréhension. S’il avait l’intention de se dérober au fisc algérien il n’aurait pas demandé une audience.
C’est la charge la plus forte lancée contre Issad Rebrab par un ministre de la république. En 1993, il a été aussi attaqué par Belaïd Abdesselam, alors Chef du gouvernement qui l’avait accusé d’avoir pris le gros du budget réservé au secteur privé.