Les Constantinois fidèles au rendez-vous
Les Constantinois ont été encore au rendez-vous ce venderedi à l’occasion du 12e week-end de la « révolte » citoyenne appelant au changement du « système ». Bensalah, Bedoui seules figures encore émergeantes du pouvoir du président démissionnaire Abdelaziz Bouteflika ont été la cible des manifestants, qui refusent de cautionner la tenue d’élection présidentielle le 4 juillet prochain. « La Intikhabat tahta houkm el issabat » (Pas d’élection sous le règne des groupes mafieux), lit-on entre autres slogans brandis sur les pancartes des Constantinois.
Faisant preuve de beaucoup de maturité, les manifestants sortis cette fois-ci semblaient très déterminés à maintenir leur mobilisation jusqu’à obtenir gain de cause. Une cause à laquelle ils se disent « attachés jusqu’à la moelle » pour reprendre l’expression de l’un d’entre eux. Sur certains écriteaux, l’interpellation de Gaid Salah ne fut pas des moindres, appelant l’armée à veiller au bon déroulement d’une véritable transition démocratique et non à s’immiscer dans la politique. « la lihoukm al asker » (non au pouvoir militaire) « Gaid Salah ne réglez pas vos comptes sur le dos du hirak », ou encore « Gaid Salah nous exigeons de vous la transparence » et une « Justice pour tous ».
Bravant la faim, la soif du jeûne et la chaleur suffocante de ce vendredi, le douzième depuis le début du mouvement, ils étaient des milliers à marcher hier dans les principales artères du centre-ville de la cité du Rocher. Hommes, femmes et enfants ont, dès la fin de la prière hebdomadaire, rejoint place des Martyrs jouxtant le centre Mohamed. Laid Al-Khalifa où les débats furent très riches entre manifestants. Femmes et hommes anonymes se laissèrent en effet entrainer dans des discussions sur les derniers événements qu’a connus la scène nationale, notamment après l’incarcération de la présidente du Parti des travailleurs. L’on pouvait aisément distinguer des carrés d’intellectuels partisans ou non de partis politiques. Dont certains n’hésitaient pas à exiger la réappropriation par le peuple du Front de libération nationale, qu’ils qualifient de propriété de toute la nation, « Fln au musée ».
Les photos de Ahmed Taleb Ibrahimi ou encore celle de Ahmed Benbitour se sont encore une fois invitées dans la marche d‘hier. Les manifestants les appellent de leurs vœux pour « sauver la transition ».
Les manifestants ont par ailleurs scandé haut et fort leur souhait de voir les tenants du pouvoir actuel ouvrir un véritable dialogue mais sans les restes ou du moins les symboles des groupes maffieux « nouridou hiwar doun bkaya al issabat », lit-on aussi sur des pancartes.
Défiant ainsi dame nature et résistant au carême, les Constantinois sortis ce vendredi ont fait preuve en tout cas d’une tenace mobilisation. Ils ont promis de revenir encore et encore durant et après le ramadhan si rien n’est fait.