Les chemins tortueux du dialogue politique

Le concept de transition est devenu tabou en Algérie. Dans les milieux officiels proches du pouvoir, on s’est donné le mot : « L’Algérie n’a pas besoin de transition puisque la démocratie y a fait des pas de géant, et qu’il n’est pas opportun de prendre pour modèle les pays soumis aux printemps arabes et à leurs graves conséquences… »
Pourtant, le quatrième mandat de Bouteflika et l’inévitable retrait des affaires politiques des derniers rescapés de la génération de Novembre imposent une nouvelle page dans la gouvernance.
Quel rôle devra jouer alors l’Armée nationale populaire dans cette transition ?
Parmi ceux qui ont eu à s’exprimer sur la voie la plus indiquée susceptible d’amorcer le changement dans la gouvernance en Algérie, on distingue deux catégories de théoriciens. L’une qui plaide pour une transition exclusivement menée par la classe politique (entendre ici, l’élite civile du pays), l’autre pour l’implication franche de l’armée.
Les deux thèses opposées au premier degré renvoient cependant à un même débat sur les fondements de la République algérienne moderne et post-coloniale qui doit la renaissance de ses institutions à la glorieuse ALN, dont l’ANP a hérité des missions de préservation de l’Etat.
Effets inversés
Sur un autre plan, le débat, contradictoire en apparence, finit par révéler en filigrane deux préjugés inversés et cachés derrière la présentation simpliste des analyses politiques.
Les partisans qui réclament que les militaires se tiennent à distance des mouvements de rupture dans l’exercice du pouvoir défendent incidemment la neutralité de l’ANP, systématiquement suspectée lorsque interviennent des changements majeurs au sommet du pouvoir. Ils rendent ainsi un grand service à l’institution militaire qui a maintes fois affirmé sa vocation à se tenir la plus éloignée possible des manigances politiciennes.
Militarisme boomerang
A contrario, les « militaristes », nostalgiques naïfs du boumédiénisme ou malins comploteurs, s’emploient finalement à compromettre les Tagarins en leur prêtant une maladie du pouvoir dont ils se défendent. L’armée algérienne s’est professionnalisée au cours de ces dernières années et, rompue à la lutte antiterroriste notamment, elle voudrait se consacrer à ses missions constitutionnelles de défense de l’intégrité du territoire national.
Avec une disponibilité à participer au maintien de la paix à l’échelle régionale, voire continentale.
L’obliger à se mêler des intrigues du pouvoir, alors que les services de renseignements semblent s’être accommodés d’une redéfinition de leur champ d’intervention, desservirait à la fois l’institution militaire et la Nation.
Aux politiques de s’émanciper en cessant de compter sur l’influence mythique de la casquette, quand les militaires ont assez à faire dans leur domaine.
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