L’enjeu du temps
Après plusieurs mois de mouvement populaire et de crise politique complexe et inédite, les choses semblent se décanter, même si cela risque de prendre encore quelque temps pour voir se dissiper à jamais les inquiétudes et les divergences.
Il faut dire que le manque de confiance, la surenchère politique de certains et l’absence d’un consensus sur un projet commun, objet de divergences entre les composantes des sociétés politiques et civiles, ne facilitent pas la tâche à ceux qui cherchent une solution rapide à la crise. Mais cela ne doit en aucun cas constituer un obstacle aux bonnes volontés afin d’éviter l’impasse et le pourrissement qui arrangent notamment les agendas extérieurs. La Conférence nationale de la société civile, qui a réuni il y a moins de deux semaines plusieurs associations et syndicats, a démontré qu’un modus vivendi sur une démarche politique consensuelle est possible, en dépit des clivages idéologiques.
C’est le cas également au sein de la classe politique dite d’opposition et dont une majorité s’est exprimée en faveur d’un « compromis national » pour surmonter les difficultés. L’heure est donc au rapprochement des idées pour aboutir au consensus qui constitue l’ambition primordiale et urgente pour la stabilité du pays dans un contexte géopolitique des plus incertains. Il est important de déterminer les priorités qui en découlent, afin de mettre toutes les forces vives du pays au même diapason, celui d’un dialogue politique intelligent et clair, débarrassé des jeux sémantiques stériles et des pirouettes rhétoriques verbeuses qui constituent des freins à la nécessaire entreprise de remettre le pays sur les rails.
C’est ainsi que le consensus sur la mise en place d’un processus électoral présidentiel, unique moyen de légitimer l’exercice du pouvoir, doit être considéré comme un acquis précieux et un point positif qu’il faut maintenant consolider et concrétiser sur le terrain par les mécanismes de confiance dans le but d’amorcer un processus rapide de retour à l’ordre constitutionnel ordinaire. Y a-t-il un autre moyen que l’urne ? Forcément pas, hormis pour ceux qui nagent dans les eaux troubles en exploitant au nom d’un idéal démocratique les clivages et les problèmes insolubles pour maintenir le statuquo. Il ne faut donc plus perdre de temps au risque de voir la crise encore s’aggraver devant des difficultés sociales qu’une conjoncture économique difficile ne fait qu’accentuer.
Au vu aussi des facteurs disponibles, il ne faut pas non plus se voiler la face sur l’importance de l’accompagnement de l’institution militaire du processus politique, alors que celle-ci est aujourd’hui la seule institution pouvant garantir la stabilité des équilibres au sein d’une société des plus complexes sur le plan sociopolitique. Un atout considérable qu’il faut saisir loin de toute arrière-pensée dépassée par la réalité et les faits. D’autant plus, que l’ANP, et par la voix de son chef d’état-major, a réaffirmé qu’elle n’a aucune ambition politique et qu’elle s’attelle à accompagner le peuple dans ses revendications.