L’EI assassine seize gardes-frontières en Irak
Au moins seize gardes-frontières ont été tués hier à l’aube dans l’ouest de l’Irak par des jihadistes du groupe terroriste Etat islamique (EI), a annoncé un haut responsable local.
Seize gardes-frontières, dont un officier, ont été tués et quatre blessés dans une attaque contre leur quartier général à Al Walid, à la frontière syrienne », a indiqué Faleh al-Issawi, chef adjoint du conseil de la province d’Al Anbar, qui a précisé que l’attaque était survenue vers 06H00 (03H00 GMT).
Le poste-frontière d’Al Walid est l’un des plus isolés d’Irak, à l’extrémité ouest d’Al Anbar, une province frontalière de la Syrie, de la Jordanie et de l’Arabie saoudite. Cette province est presque totalement contrôlée par l’EI, qui a conquis de larges pans du territoire irakien à la suite de son offensive fulgurante lancée en juin.
Cependant, quand les jihadistes de ce groupe terroriste, crée et financé par certaines puissances atlantistes et des pays arabes du Golfe, ont pris le 10 juin la deuxième ville d’Irak, Mossoul, leur propagande promettait aux habitants une vie meilleure. Car comme l’indique son nom, cette organisation n’entend pas seulement conquérir. Elle veut aussi gérer la vie quotidienne, à la manière d’une entité étatique.
Dans son fief syrien de Raqa, l’EI a ainsi instauré des ministères et même une « autorité de protection des consommateurs ». Mais à Mossoul, après quasiment six mois de « gestion » jihadiste, les nouveaux dirigeants ne semblent pas en mesure d’assurer certains services publics de base.
Les habitants de la cité la plus peuplée du « califat » autoproclamé souffrent ainsi du manque d’eau potable et l’eau contaminée provoque des maladies que la pénurie de médicaments ne permet pas de soigner.
« La propagande de l’EI semblait promettre une meilleure qualité de vie », explique Aymenn al-Tamimi, expert des groupes jihadistes au Middle East Forum. Mais « les difficultés de la population contredisent l’affirmation d’un Etat qui satisfait les besoins des habitants et leur offre une vraie sécurité ».
Joint par téléphone, Abou Ali, qui réside dans l’est de Mossoul, affirme que « les difficiles conditions de vie et l’absence de services représentent notre plus grand et plus dangereux problème aujourd’hui ».
Les distributions d’eau potable et « l’arrêt des stations de traitement d’eau » ont provoqué un grand nombre de malades, ajoute-t-il. Son épouse est d’ailleurs tombée malade en raison de l’eau contaminée. Les coupures d’eau étant fréquentes et pouvant durer plusieurs jours, certains habitants ont réactivé des puits, a-t-il expliqué.
Des problèmes existaient déjà avant l’arrivée des jihadistes mais la fuite d’employés municipaux lors de la prise de la ville n’ont pas arrangé la situation dans les services publics. « Les stations de traitement des eaux sont vieilles et les réseaux de distribution sont endommagés », précise un responsable du service des eaux. A l’hôpital général, un médecin a affirmé avoir admis en 24 heures 15 personnes souffrant d’infections dues à l’eau contaminée.
Un autre docteur, à l’hôpital Républicain, a indiqué avoir lui aussi traité un grand nombre de malades, principalement des enfants, pour des maladies liées à la contamination des eaux, alors que les infections intestinales et gastriques et les hépatites sont en augmentation.
Ces problèmes sont accentués par la pénurie de médicaments. Selon un responsable du service Santé de la province de Ninive, les stocks de médicaments sont presque épuisés et l’entreprise qui en fabriquait dans la région n’est plus en activité. « Les contacts avec les institutions gouvernementales sont interrompus et nous n’avons reçu aucun budget pour se procurer les stocks de médicaments dont nous avons besoin », a-t-il dit. La situation actuelle semble ne laisser que peu d’espoir d’amélioration. D’autant que se profile la menace de combats, la reprise de Mossoul étant à terme un objectif majeur de l’armée irakienne.