Législatives : le MSP satisfait de son score
Les résultats «satisfaisants» obtenus par le Mouvement de la société pour la paix (MSP) et «sa grande réussite» confirment que sa participation à ces législatives a été «la bonne décision» malgré les dépassements enregistrés lors du scrutin du 12 juin, lesquels ont toutefois «impacté les résultats finaux».
C’est ce qu’a indiqué ce mercredi le président du parti islamiste, Abderezzak Mokri, lors d’une conférence de presse tenue au lendemain de l’annonce des résultats provisoires du scrutin par l’Autorité des élections. M. Mokri a précisé que le taux d’abstention (76.97%) marquant ces législatives, notamment en Kabylie, s’explique par les pratiques frauduleuses constatées depuis le début de l’opération électorale.
«La réussite du MSP dans l’organisation de ces échéances devrait être perçue comme une réussite pour toute l’Algérie. Les pays développés et civilisés se construisent avec des partis du modèle MSP et lorsqu’un parti se démarque avec une telle structuration et une telle maturité politique, cela est un plus pour le pays. Nous sommes très satisfaits de ces résultats et cela nous permettra à l’avenir d’agir en toute aisance», s’est-il targué, ajoutant que ces résultats rappellent ceux obtenus en 1997.
Concernant la prochaine étape, le MSP, avec 64 sièges, envisage d’aller, en cas d’éventuelle vision suggérée dans ce sens, vers un pacte rassembleur avec les différentes forces politiques, y compris celles ayant boycotté les législatives, et d’instaurer un climat d’apaisement, à commencer par la libération des détenus politiques.
De même, le parti a souligné «la lutte pour la remise en branle de la machine économique et l’amélioration du climat des affaires à tous les niveaux», annonçant, d’ores et déjà, la participation de sa formation politique aux échéances locales prévues en septembre prochain.
«Nous comptons énormément sur notre futur groupe parlementaire dans l’appareil législatif afin de proposer des alternatives pour le développement, et le programme du rêve algérien est construit sur cette philosophie», a-t-il poursuivi.
M. Mokri a promis également «de lutter pour les libertés et la concrétisation d’une véritable transition démocratique, d’où l’attention accordée à la prise en considération des recours et des observations soulevés par les candidats au Conseil constitutionnel».
La préservation de l’identité, de l’unité et de la souveraineté nationales sera, a-t-il appuyé, parmi les priorités des élus du MSP à la première Assemblée nationale après le mouvement populaire du 22 février 2019, estimant qu’elles font l’objet d’«un complot». Il a par ailleurs souligné sa position contre la normalisation avec l’entité sioniste.
Le leader du mouvement s’est dit aussi «décidé à lutter contre la corruption et à éradiquer les résidus du gang», lequel a pu influer, encore une fois, sur les résultats du scrutin tenu samedi passé.
Le patron du MSP a tenu à rappeler que son parti a rencontré, durant son parcours politique, des embûches et des contraintes, et a même subi d’«inimaginables menaces». Toujours sous l’effet de l’euphorie, M. Mokri s’est attardé sur la «grande» résistance des militants de sa formation politique, ajoutant que son parti est redevable à l’assiette sociétale, laquelle a fait preuve «de soutien et de sympathie à l’endroit du MSP».
Le MSP attend des réponses aux couacs du scrutin
Concernant les dépassements enregistrés par les observateurs du MSP, le président du parti a affirmé qu’ils ont impacté les résultats. Il a toutefois tenu à préciser que ni le président de la République ni Mohamed Charfi, patron de l’ANIE, n’en sont responsables. Il a indiqué, dans ce sens, que les observations soulevées par le Mouvement ne se veulent pas des «accusations» à l’endroit du premier responsable de l’Autorité des élections, lequel, a-t-il estimé, ne détient pas les moyens nécessaires pour tout contrôler à l’échelle locale. Cependant, il a fait savoir que le MSP allait introduire plusieurs recours et attendra des réponses, au cas par cas, de la part du président de l’ANIE.
Il a mis l’accent, par ailleurs, sur la question de la remise des PV aux représentants des partis, ainsi que sur l’opération de tirage au sort, qui devait se faire sur les noms des listes au lieu des listes, et ce afin d’assurer la présence des candidats de chaque liste comme observateurs dans les bureaux et les centres de vote.
Dans le même sillage, le patron du parti islamiste est revenu sur les bulletins où rien n’a été coché et qui ont été considérés comme des bulletins nuls alors que, selon la loi, il s’agit d’une voix accordée à tous les candidats de la liste choisie, notamment dans les centres de vote des wilayas d’Alger et d’Oran.
Evoquant le taux de participation, M. Mokri s’est interrogé sur ce taux qui n’a pas été donné par le président de l’ANIE lors de la conférence de presse consacrée à l’annonce des résultats du scrutin. L’intervenant s’est attaqué à Charfi parce qu’il s’est félicité pompeusement du score réalisé par les listes indépendantes, soit 78 sièges, se demandant «depuis quand les indépendants étaient absents des législatives ?».
«Depuis quand on classe les indépendants avec les entités partisanes ? C’est une première dans l’histoire des élections, d’autant plus qu’ils ne représentent pas la vision du président de la République, qui a souvent parlé de la société civile. Ces indépendants sont soit des renégats de partis politiques, soit des élus locaux, et dans tous les cas, on ne peut pas parler d’un phénomène de société civile», a-t-il fait observer.
Pour M. Mokri, le seul phénomène inattendu lors de ces législatives, c’est le classement du Front de libération nationale (FLN), selon les chiffres de l’ANIE, en première position avec 105 sièges, ramenant le paysage politique national à la case de départ.