Le vide juridique freine la gestion des catastrophes

Le retard dans la promulgation de textes d’application de la loi 04-20 sur la prévention des risques majeurs et la gestion des catastrophes entrave les efforts consentis pour faire face aux désastres naturels en tout genre. C’est ce qu’a indiqué, ce samedi à Alger, le ministre de l’Intérieur, Kamel Beldjoud, précisant que seuls quatre textes réglementaires sur 26 ont été promulgués depuis 2004.
Lors de la conférence nationale sur «la stratégie de prévention et de gestion des risques majeurs», tenue au CIC, le ministre a relevé que l’aggravation des risques est due à la précarité des habitations et a évoqué la propagation des constructions anarchiques à proximité des oueds. M. Beldjoud a fait savoir que l’Etat a alloué, au titre de l’année 2020, un budget de 30 milliards de dinars en vue d’indemniser les sinistrés victimes de ces phénomènes naturels.
Selon le constat fait par le premier responsable du secteur, l’expérience, à ce jour, a montré que la gestion des catastrophes butte contre de nombreuses carences et que l’intervention des services concernés se limite aux conséquences et effets immédiats sans régler le fond du problème. De même, M. Beldjoud a fait état «d’un manque de coordination sectorielle et de l’implication des différents acteurs dans la lutte contre les catastrophes», non sans évoquer «le manque de formation des intervenants».
Pour pallier ces insuffisances, le ministre a souligné l’importance de revoir la manière de procéder, en intégrant la prévention et la prévision comme axes primordiaux dans la stratégie d’intervention et de prise en charge en la matière. Il a également appelé à «la nécessité d’éviter les désaccords et à travailler dans le cadre d’une vision d’ensemble à même de pouvoir contrer les risques», mettant l’accent sur l’impératif d’activer la Délégation nationale aux risques majeurs avec une vision prospective.
Par ailleurs, le directeur de recherche et délégué national des risques majeurs, Abdelhamid Aafra, a indiqué que cette rencontre vise à évaluer la stratégie de prévention et de gestion des risques et catastrophes adoptée en 2004 ainsi que les dépenses y afférentes, lesquelles avoisinent 34 milliards de dinars/an. L’intervenant a affirmé que la pandémie de la Covid-19 a causé la perte de 500 000 postes d’emploi.
L’absence des textes d’application de la loi 04-20, censés régir la gestion des différents risques définis dans la loi en question, a entravé, a-t-il expliqué, l’élaboration des plans de prévention et plongé dans l’opacité les responsabilités des uns et des autres concernant la gestion de la catastrophe et les risques.
La révision de la loi-mère ainsi que la promulgation des textes réglementaires permettront, a-t-il dit, de définir les responsabilités, les objectifs stratégiques et les champs d’intervention des acteurs impliqués dans cette stratégie globale, selon des délais d’application et d’évaluation précis. Aussi, les participants à cette conférence devront définir les ressources financières dédiées à l’application de ladite stratégie, a ajouté le même responsable.
La nouvelle stratégie conforme à Sendai
Selon les précisions de M. Aafra, la nouvelle stratégie devrait être conforme au cadre d’action Sendai pour la réduction des risques de catastrophe, ratifié par l’Algérie en 2015. Ce dernier a introduit, a-t-il dit, de nouvelles notions, notamment en ce qui concerne la gestion du risque de la catastrophe selon une approche «participative» avec l’intégration des technologies dans l’ensemble des dispositions à prendre dans ce domaine.
Le citoyen constitue, a poursuivi le directeur de recherche, le pivot de l’application de cette stratégie, mettant en exergue la différence entre la gestion de la catastrophe et celle des risques. Cette dernière implique, a-t-il ajouté, une vision préventive et l’anticipation en réduisant les facteurs de précarité pour renforcer la résilience.
Pour rappel, la conférence nationale sur la prévention et la gestion des risques majeurs, devant être clôturée dimanche, a vu la participation de 60 experts représentant 12 départements ministériels et 30 autres issus des organes et instances spécialisés. Les travaux seront répartis sur quatre ateliers, à savoir la prévention des risques majeurs, la prévision, la gestion des catastrophes et des risques et enfin le rétablissement et le retour à la normale.
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