Le veto de Sellal
Il aura fallu plusieurs jours pour qu’un officiel politique de haut rang réponde aux déclarations fracassantes de l’ancien émir de l’Armée islamique du salut (AIS), bras armé de l’ex-FIS.
Le Premier ministre aura été catégorique et tranchant : « Madani Mezrag ne peut créer un parti politique ». Une sentence que même le ministre de l’Intérieur n’avait pas prononcée, se contentant de paroles alambiquées quand des journalistes l’ont interpellé sur l’annonce faite par Madani Mezrag. Ce dernier, rappelons-le, avait annoncé la création prochaine d’un parti politique, dont les préparatifs sont à un stade très avancé sur le plan organique.
Pour Sellal, l’Etat ne laissera pas les personnes impliquées dans la tragédie nationale enfreindre la charte pour la paix et la réconciliation nationale et créer un parti politique.
« Nous ne permettrons pas à ces personnes de fonder un parti politique et ce, par respect des lois de la République, notamment l’article 26 de la charte et l’article 6 de la loi électorale » a affirmé Sellal en marge de la cérémonie d’ouverture de la session d’automne du Conseil de la nation.
« Il ne sera permis à quelque personne que ce soit de rééditer la crise que le peuple algérien a vécue dans les années 1990 » a souligné le Premier ministre, ajoutant que la charte pour la paix et la réconciliation nationale impose aux individus impliqués dans la décennie noire des obligations qu’ils doivent observer.
D’ailleurs, la sortie de Mezrag a soulevé le tollé de la société civile, alors que les partis politiques de tous bords se sont murés dans un silence complice.
Certaines organisations et associations nationales ont rapidement réagi pour contrecarrer l’ambition de l’ancien émir terroriste, en tentant de préparer des documents et de ficeler des dossiers pour engager à l’avenir des poursuites judiciaires contre tous ceux qui étaient responsables des meurtres et des drames durant la décennie noire.
Si ces chefs et leurs acolytes ont été pardonnés par les dispositifs de la charte pour la paix et la réconciliation, adoptée par référendum en septembre 2005, il n’en demeure pas moins que sur la scène internationale, il existe d’autres dispositifs, comme au niveau de la Cour pénale, qui permettent d’engager des poursuites judiciaires et de lancer des accusations pour crimes contre l’Humanité.
Les réseaux sociaux algériens s’enflamment sur cet aspect et n’en finissent pas de faire des propositions pour contrecarrer réellement Madani Mezrag et ses partisans et l’empêcher de fonder un parti politique.