Le Sud, la bombe à retardement

Le sud du pays est en ébullition. Les affrontements sanglants qui se sont produits vendredi à Touggourt sont des signes forts de cette escalade qui peut souffler sur la stabilité et la sécurité du Sud algérien.
De Ouargla à Ghardaïa, Bordj Badji-Mokhtar et Touggourt, en passant par Béchar et Illizi, les émeutes se sont succédé, engendrant des morts et des blessés parmi les jeunes émeutiers, tandis que plusieurs dizaines de policiers ont été blessés, certains grièvement atteints par des projectiles lancés par les jeunes en colère.
La cause de ces émeutes en série n’est autre que la situation socioprofessionnelle vécue par les jeunes, une situation difficile. On se rappelle des émeutes qui ont eu lieu au début de l’année, où des centaines de jeunes émeutiers en colère sont sortis dans la rue pour crier justice. Sans emplois, livrés à eux-mêmes et vivant dans une situation sociale des plus critiques, les jeunes issus du Sud algérien se sont révoltés en revendiquant une meilleure prise en charge de la part de l’Etat.
Des revendications légitimes, avait déjà déclaré le Premier ministre Abdelmalek Sellal, et qui seront prises en considération. Certes, l’Etat avait mobilisé ses troupes pour venir à bout des revendications des protestataires. Des emplois ont été créés, des logements distribués et des efforts consacrés pour absorber la colère des jeunes. Toutefois, au-delà de cette batterie de mesures prises par les pouvoirs publics, le problème a persisté au fil des mois.
Vendredi, c’est à Touggourt que des centaines de jeunes ont manifesté leur mécontentement, en sortant dans la rue. Leur colère était d’autant plus grande qu’ils ont tenté de brûler le commissariat de police de la ville. Cela a poussé les policiers à riposter.
La situation a dérapé. Des affrontements ont alors éclaté. La raison : la distribution de lots de terrains au profit d’étrangers à la ville, selon les manifestants. Les jeunes protestataires ont utilisé des pierres et autres projectiles contre les policiers, qui ont répondu par des grenades lacrymogènes pour disperser les manifestants et rétablir l’ordre.
Mais la situation a dérapé avec la mort de deux jeunes manifestants tandis que vingt autres ont été blessés, parmi eux des policiers. Très rapidement, le ministre de la Justice, Tayeb Belaïz, et le directeur général de la Sûreté nationale, Abdelghani Hamel, se sont déplacés à Touggourt, plus précisément à la commune de Nezla, afin de s’enquérir de la situation. Sur place, le ministre a rencontré les autorités locales pour voir les mesures prises par ces dernières pour contenir la situation. Des décisions importantes ont été arrêtées par Tayeb Belaïz au profit de la jeunesse.
Les autorités sont en train de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour calmer la situation qui y prévaut. Cette région du pays, qui a enregistré plusieurs émeutes depuis près de deux ans, risque l’implosion sociale. Selon certaines sources, ce qui est en train de se passer dans le Sud algérien a été planifié par des organisations internationales. Les émeutes de Ouargla, les affrontements tribaux de Ghardaïa et les manifestations de Bordj Badji-Mokhtar sont autant de cas qui appellent beaucoup de questions.
Les jeunes dans cette région ont le sentiment d’avoir été marginalisés par l’Etat. Sans travail ni toit digne de ce nom, ils se sont retrouvés devant une impasse. Les promesses faites par Sellal, notamment des postes d’emplois dans les compagnies pétrolières et des terrains pour bâtir des maisons rurales, tardent à voir le jour, et c’est ce qui a alimenté la colère chez les jeunes. Cette situation arrange, en revanche, les affaires des détracteurs du pays qui risquent d’en profiter pour tenter d’instaurer leurs plans diaboliques.
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