Le scenario d’une nouvelle intervention militaire étrangère en Libye

La déclaration de la diplomatie algérienne au lendemain de l’assassinat d’une vingtaine de ressortissant, égyptiens par Daech en Libye peut paraître complètement décalée par rapport aux événements. En effet, la promotion du dialogue interlibyen devient presque surréaliste au moment où l’Egypte s’autorise des frappes aériennes sur Derna et que plusieurs voix officielles occidentales relancent leur intention d’intervenir urgemment en Libye sur le front militaire. Le département de Lamamra défendrait-il désespérément une solution politique quand l’assaut étranger serait déjà programmé ?
Bombardements sans mandat
« L’agression terroriste ayant ciblé des ressortissants égyptiens innocents en Libye, en appelle à l’intensification des efforts pour encourager les Libyens à s’engager dans le dialogue » peut-on lire dans une dépêche de l’APS. L’énoncé restera peut-être dans les annales de la diplomatie mondiale comme un document utile pour prouver aux futurs cadres des Affaires étrangères que l’option de la sagesse ne suffit pas à convaincre les grandes puissances. Et pour cause ; tout porte à croire que les différents acteurs de la communauté internationale impliqués dans la gestion de la crise libyenne ont finalement choisi la voie militaire comme solution au chaos ambiant en Libye depuis de longs mois. L’Italie l’a clairement annoncé par les déclarations de son ministre des Affaires étrangères (voir notre édition d’hier) et l’Egypte a procédé à des raids aériens contre des positions de l’Etat islamique, qui auraient davantage touché la population civile que les mercenaires de l’organisation terroriste.
L’ONU sous pression
Face à une montée en puissance des discours et actes militaires autour du dossier libyen, le travail colossal de la diplomatie algérienne pour ramener les parties en conflit à la table du dialogue risque d’être anéanti. On peut même craindre désormais une volte-face de l’appareil onusien auxquels les partisans de l’intervention étrangère font appel publiquement pour une résolution qui impliquerait un mandat guerrier. Tout est maintenant possible, les actes monstrueux des terroristes pouvant justifier n’importe quelle erreur diplomatique. De plus, la difficulté à avancer de façon significative se trahit par l’absence de trêve sur le front de la violence en territoire libyen. Aucune partie s’étant engagée à dialoguer ne pouvant ramener le calme dans le pays, les extrémistes gardent l’avantage sur les forces politiques capables de gouverner et de maintenir l’unité nationale.
La victoire du terrorisme
Ainsi les miliciens et les terroristes forment une alliance objective contre le dialogue. Des membres de Fajr Libya ont d’ailleurs rejoint les rangs de Daech pour une surenchère dans les actions armées. Les gouvernements de Tripoli et celui de Tobrouk sont incapables de contrôler les groupes armés ni d’affirmer une quelconque autorité sur le territoire qu’ils prétendent administrer. L’insécurité a atteint son paroxysme et la rencontre de Ghadamès, qui promettait une étape positive dans les pourparlers, a été contrariée par la donne terroriste. Face à la faillite sécuritaire et à l’imbroglio qui complique l’identification et l’orientation des groupes armés, Alger peine à convaincre les acteurs extra-régionaux de la progression du dialogue. Pourtant, tous les émissaires et officiels qui se sont déplacés à Alger pour écouter l’analyse algérienne à propos de la crise libyenne, savent qu’il n’y a pas de solution autre que politique à la tragédie actuelle. Ce qui ne les empêche visiblement pas de vouloir recourir à l’option militaire, et les graves conséquences que cela suppose. Que peut encore faire l’action diplomatique algérienne contre le démembrement de la Libye lorsque les Occidentaux feignent de confondre la crise politique et le terrorisme ? Rien !
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