Le retour relooké
Madani Mazrag affublé du titre de personnalité nationale, veut se lancer dans la politique en créant un parti sur les cendres de l’ex-FIS, de triste mémoire. Un retour du FIS relooké et habillé à la mode démocratique.
Madani Mezrag, ex-chef de l’AIS (bras armé du FIS dissous) a annoncé jeudi dernier la création de son parti politique « Je vous annonce officiellement la création du Front de l’Algérie pour la réconciliation et le salut », a déclaré l’intéressé à la Chaîne Echourouk.
La création du nouveau parti a été officialisée lors d’une rencontre nationale avec plus de 1 000 délégués venus de toute l’Algérie à Aouess, dans la wilaya de Jijel, dit-il avant d’ajouter qu’il bénéficie du soutien des éléments de l’ex-FIS.
Ainsi donc, la condition posée lors des négociations entre son groupe et les délégués de l’Etat se décline au jour le jour à la face du peuple. Cette annonce va réinstaller l’inquiétude parmi les Algériens quant à la possible remise en selle d’un FIS version Mezrag.
Ce dernier suggère ni plus ni moins la création d’un parti politique islamiste sur les décombres de l’ex-FIS. Il faut le dire, l’ex-émir de l’armée du FIS dissous semble avoir cette fois de sérieuses assurances.
Il n’est pas exclu que la mission de Mezrag soit de faire adhérer les terroristes encore au maquis à la réconciliation nationale et éventuellement de peser à la veille de chaque scrutin. Aujourd’hui, et même s’il jouit de ses droits civiques, il traîne un passé taché de sang.
Faut-il rappeler que ce repenti n’a jamais demandé pardon ni aux familles de victimes ni au peuple ? Présenté au début comme une trêve unilatérale, l’accord signé en 1997 s’est révélé être le fruit d’une négociation dont les termes demeurent toujours secrets. En contrepartie de leur acceptation de déposer définitivement les armes, les membres de l’AIS bénéficient de compensations et d’une amnistie totale.
Un décret de grâce amnistiante a été signé au profit de tous les membres de l’AIS et des groupes armés qui les ont rejoints. Les faveurs accordées par ce décret sont jugées démesurées par les opposants à cette amnistie, notamment parmi les familles des victimes du terrorisme.
Le discours officiel présente l’opération comme une reddition sans conditions.
En réalité, cette amnistie exonère les membres de cette organisation des poursuites judiciaires et leur accorde « la plénitude de leurs droits civiques ». Ce court décret de quatre articles est venu spécialement répondre aux protestations et aux inquiétudes des signataires de la trêve et de leurs partisans.
Signé le 10 janvier, ce décret de « grâce amnistiante marque la clôture définitive du dossier de l’AIS avant l’expiration du délai de six mois (du 13 juillet 1999 au 13 janvier 2000) que laisse la loi aux éventuels candidats à la reddition. Annoncé par un communiqué de la présidence, le texte du décret est précédé par un préambule précisant, en substance, que l’État ayant remporté la bataille militaire octroie, par générosité et clairvoyance politique, son pardon aux protagonistes.