Le référendum : voie incontournable?

Des milieux politiques ne savent pas exactement si l’information relative à l’imminence d’une révision constitutionnelle, parue et relayée par plusieurs médias et des chefs politiques, ne serait qu’un ballon de sonde, un raccourci visant à dissiper le débat actuel au sein de la société. Tour à tour, des partisans du clan présidentiel montent au créneau et affichent publiquement leurs espoirs et leurs craintes.
Divisés déjà par l’ampleur de la crise et son approche, certains de ces alliés de Bouteflika semblent encore privilégier la voie référendaire et stigmatisent la voie parlementaire. Déboussolés par tant de cafouillage, tout le monde s’élève, pourtant, pour revendiquer une même conception de cette révision, avec les mêmes instruments.
Hanoune, Djaballah et d’autres font état de cette revendication, qui réduirait considérablement les manœuvres de ceux, qu’on retrouve au sein du FLN et du RND, qui veulent envelopper le « manque de légitimité » de l’APN par une « forte implication dans un futur débat constitutionnel et même si dans des délais très courts dans une révision dont personne ne connaît les tenants et aboutissants. C’est vrai qu’aucun détail n’a filtré de cette supposée révision, mais voilà que le FFS lâche provisoirement son projet de conférence nationale sur le consensus, en admettant enfin que son initiative a rencontrer des obstacles et des résistances.
Dans un communiqué qui sent la morosité politique à l’algérienne, le FFS avoue toutefois indirectement que c’est à l’opinion publique et au peuple de décider de son sort. « En haut, c’est le statu quo chez les gouvernants, mais en bas, la société est en mouvement. « Notre initiative, malgré des difficultés conjoncturelles et l’absence d’une volonté politique clairement exprimée par le pouvoir, demeure riche d’espoirs et finira, étant incontournable, par aboutir. J’en suis convaincu « , écrit Mohamed Nebbou, le premier secrétaire du parti dans un appel à ses militants pour une mobilisation en perspective d’un grand meeting populaire prévu le 18 avril prochain à Alger.
Ainsi, au-delà même du pur juridisme énoncé par certains, notamment le fameux article 176, les calculs politiques qui recherchent depuis belle lurette une entente et un « consensus déguisé » semblent s’orienter vers une voie référendaire, coûteuse par ces temps d’austérité, mais plus « légitimante » et plus « démocratique » que le recours à la voie parlementaire, qui souffre depuis mai 2012 d’un grand déficit et d’un manque de crédit politique.
Pourtant, rien dans les déclarations des leaders de partis ou les « fuites organisées » sur la copie supposée de la révision ne donne des indications précises sur la nature de celle-ci. Est-elle profonde ? Touche-t-elle uniquement à la durée des mandats et aux attributions du gouvernement ? Va-t-elle renforcer les pouvoirs ou les prérogatives de certaines institutions ? L’article 176 en question de la Constitution oblige, en effet, les autorités à choisir le référendum lorsque les amendements touchent aux équilibres des pouvoirs, alors qu’une révision sans envergure et moins consistante, comme celle de 2008, la convocation des deux chambres parlementaires pourrait suffire.
Certains analystes estiment que le chef de l’Etat, affaibli politiquement par la radicalisation de la coordination nationale des libertés (CNLTD) et le pôle du changement, par le « cavalier seul » du FFS, par la fronde frontale de Louisa Hanoune, par les luttes intestines qui minent le FLN et le manque d’envergure des autres partis politiques alliés à sa démarche, pourrait user de l’arme référendaire pour y gagner au moins une entente ou une union sacrée.
Autrement dit, c’est un autre consensus gagné, si le référendum se déroulait dans des conditions de transparence et d’honnêteté. De plus, ces milieux affirment également que Bouteflika ne ferait que concrétiser sa promesse, celle d’aller vers une révision profonde de la Loi fondamentale.
Une promesse lancée en 2008, quand il défonça la barrière qui le mena vers la présidence à vie. Il réitéra le même engagement en 2011 alors que le monde arabe vivait ses révoltes et que l’Algérie sortait indemne des émeutes dites de « l’huile et du sucre ». Les avantages d’un recours au référendum sont énormes politiquement.
Si la révision passe par l’APN, il semble que cela va accentuer la crise et les nombreuses fractures qui minent le paysage politique national.
Des analystes soulignent que la voie référendaire devrait être avantageuse à plus d’un titre : celui d’abord de mener campagne, de créer un autre centre d’intérêt et une autre ambiance, et enfin de surmonter les soubresauts de la vie sociale et économique, comme les grèves à répétition de certains corps, le débat sur le gaz de schiste et d’autres scandales de corruption et de détournements que traitent « difficilement « la justice.
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