Le Ramadhan, un mois au ralenti – Le Jeune Indépendant
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Nationale

Le Ramadhan, un mois au ralenti

Le Ramadhan, un mois au ralenti
Chantier à l'arrêt durant le Ramadan (photo illustration)

En plus d’être un mois de piété et de clémence, le mois de ramadhan est aussi un mois de farniente et de relâchement ou de repos forcé pour nombre d’Algériens. Plusieurs secteurs d’activités sont en hibernation durant tout un mois. Si, pour certains, c’est carrément un mois sabbatique, d’autres voient leur activité réduite, donnant ainsi un sacré coup à l’activité économique et au rendement.  Pour d’autres ce mois est du pain béni pour changer d’activité et s’enrichir ou s’y adapter. Ramadan c’est le mois de la combine!

Des villes mortes, des magasins fermés, des rues désertes… C’est l’atmosphère matinale du mois de ramadhan dans nos villes, où il est plus facile de circuler à la faveur des embouteillages qui « disparaissent » le temps des matinées, conjuguées ce mois avec les vacances scolaires et universitaires.

La mise en mode veille touche surtout plusieurs secteurs d’activités. Si certains commerces passent à « l’heure du ramadhan », comme les cafés qui deviennent des cafés de nuit, pour d’autres, c’est carrément le congé, à l’image des fast-foods et pizzerias, à l’exception de ceux qui se reconvertissent en vendeurs de zlabia et de Qalb el louz ou de jus et autres sucreries.

Pour d’autres activités, c’est un congé forcé. Des restaurants luxueux tentent de survivre en proposant des buffets durant le Ramadhan à des prix attractifs. Un restaurant dans le quartier huppé de Sidi Yahia à Alger propose un iftar très varié à 2700 DA par personne alors que ce menu aurait coûté au minimum 5000 DA par personne hors Ramadhan.

C’est aussi le cas dans le secteur du bâtiment. « Du premier au dernier jour du mois de ramadhan, c’est congé pour moi », a fait savoir Abdelghani, gérant d’une entreprise de travaux publics qui n’a jamais travaillé durant ce mois sacré tout au long de sa carrière qu’il a commencée depuis plusieurs années. Un choix ou une mesure dictée par la conjoncture ? « Il n’y a pas de rendement. Les ouvriers ne peuvent pas travailler correctement sans boire et manger », a-t-il précisé, expliquant que le travail dans le secteur du bâtiment est physique.

Cela sans oublier la chaleur, qui n’offre pas les conditions favorables aux ouvriers pour travailler, notamment dans les travaux extérieurs. « Depuis une quinzaine d’années, on jeûne en plein chaleur», a précisé Abdelghani, selon lequel ceux qui sont contraints de continuer à travailler, car tenu par des délais et devant respecter leurs engagements, ne travaillent pas à plein régime. « Ils ne travaillent qu’à 50 % de leurs capacités, voire moins », a-t-il précisé.

Même régime pour Nabil, gérant d’une agence de publicité et de communication qui relève que l’activité a diminué d’une façon drastique durant ce mois. « C’est presque à l’arrêt », a-t-il indiqué, affirmant qu’avec son associé, ils ont fait le choix de ne pas baisser rideau pour maintenir le contact avec leurs clients mais, surtout, « dénicher » d’éventuels nouveaux marchés.

Chez Abdellah, propriétaire d’une quincaillerie, le constat ne diffère pas. « A chaque mois de ramadhan, l’activité baisse, la première semaine surtout, puis reprend timidement », a-t-il fait savoir, signalant la particularité de ces deux dernières années. « C’est un peu particulier.

Bien avant le Ramadhan, il y a eu une baisse d’activité, en comparaison aux années précédentes où l’activité tournait à plein régime », a-t-il expliqué, affirmant qu’auparavant, la majorité des ménages entreprenait des travaux, notamment de peinture, et faisaient donc appel aux services de la quincaillerie, très sollicitée. Les choses semblent avoir changé, car les gens sont plutôt à la recherche des solutions pour les récurrentes coupures d’eau, selon Abdallah, qui insiste sur le fait d’être moins sollicité durant ce mois sacré.

Certaines professions font également le choix de faire du mois de ramadhan un mois de congé, à l’instar de certains dentistes qui sont moins sollicités durant cette période. Le mode ralenti est aussi constaté dans certaines administrations, où le volume horaire est déjà réduit. Le fameux rendez-vous « après le ramadhan » est souvent brandi dans de nombreuses administrations. On compte aussi plusieurs absents, employés en congé au sein du personnel durant cette période. Le nombre de femmes dans le milieu professionnel est aussi réduit, sachant qu’elles sont nombreuses à opter pour un congé durant le mois de ramadhan afin d’assurer leur rôle de cuisinières.

D’aucuns estiment que, mis à part les marchés, boulangeries, les viennoiseries, les supérettes mais aussi les magasins de vêtements pour enfants, qui sont sollicités pour des achats de l’Aïd précoces, la vie tourne au ralenti voire au poids mort le temps d’un mois.

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