Le Premier ministre ne sera pas de la majorité

Le directeur de cabinet de la Présidence Ahmed Ouyahia a-t-il imposé sa touche dans l’élaboration du projet de Constitution comme le soupçonnent certains cercles ?
Depuis 1962, date de l’accession de l’Algérie à l’indépendance, la Constitution s’ordonne autour de deux lignes de force : d’une part une volonté, maintes fois exprimée, de l’unité du pays et d’autre part, un renforcement constant du pouvoir autour de la personne du chef de l’Etat. Effectivement, la poursuite tenace de cet objectif a été une des constantes de la politique algérienne à travers ses différentes Constitutions.
Or, avec cette nouvelle Constitution, les mêmes reflexes et les mêmes pratiques ont été largement consacrés, au grand dam des partis qui espéraient un grand saut démocratique. D’aucuns estiment que cette nouvelle loi fondamentale n’a pas touché aux grands équilibres et qu’elle a surtout consacré un régime présidentiel plutôt qu’un régime parlementaire. Le fait de faire l’impasse sur le rôle et la place du Premier ministre en est un exemple concret.
D’aucuns estiment que ce n’est pas la révision constitutionnelle voulue et désirée depuis longtemps par l’ensemble de la classe politique. Le directeur de cabinet de la Présidence a-t-il a réussi à convaincre le Président de ne pas permettre à une majorité parlementaire de choisir le futur Premier ministre ? Et pourtant, c’était l’une des revendications des partisans de Bouteflika, notamment au sein du FLN.
Au grand dam de ses partisans, il sera contraint d’abandonner cette option qui aurait pu permettre au Parlement d’avoir un véritable poids démocratique.
La démocratie, oui, mais l’Etat de droit c’est encore mieux
La démocratie est fondée sur la nécessité d’une alternance au pouvoir. Cette alternance permet de prévenir la confiscation du pouvoir d’Etat, qui pourrait être exercé par un président de la République en fonction, avec toutes les conséquences néfastes pour le développement du pays.
Cette limitation de mandats présidentiels constitue, à n’en point douter, un vrai rempart contre la tentation de s’éterniser au pouvoir. Mais le constat s’arrête là : l’actuel ou le futur président de la République aura toutes les cartes en main pour contrôler le Premier ministre, même s’il est issu de l’opposition.
A tout moment, le Président peut bloquer l’action du gouvernement ou le dissoudre, le cas échéant. La bipolarité ou la cohabitation n‘existe pas en réalité. Comme si les rédacteurs du projet avaient pensé que l’opposition n’aurait aucun moyen de remporter la majorité aux élections législatives.
C’est le Premier ministre, issu de la majorité, qui dirige l’action du gouvernement. A ce titre, il fixe en principe ses orientations politiques essentielles qui, hors cohabitation, sont celles du président de la République.
Dans le cas présent, et tel que mentionné dans le projet, il doit assurer uniquement la concrétisation du programme présidentiel et la coordination de l’action gouvernementale et éviter, par son arbitrage, que différents ministres prennent des initiatives allant dans des sens opposés.
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