Le premier argentier catégorique : Pas de changement de monnaie
Crise de liquidités, valeur de la monnaie nationale, l’informel, autant de questions qui ont été au cœur d’une intervention du ministre des Finances, Aymen Benabderahmane, lors de son passage ce mardi comme invité à la radio nationale.
Des questions chaudes qui font l’actualité et qui secouent depuis des mois l’opinion publique. Avec la persistance de la tension des liquidités au niveau des agences postales, voire même des banques, certains experts ont mis sur la table de nouvelles options économiques, monétaires et fiscales. La plus controversée, celle qui fait débat actuellement, est sans doute celle qui préconise le changement de la monnaie, comme solution miracle à l’inflation et la dépréciation continue de la valeur du dinar.
Interpellé sur la question, le gouvernement a mis du temps pour répondre à ces voix répercutées dans les réseaux sociaux. ce mardi, le premier argentier du pays vient de rejeter définitivement cette option, balayant d’un seul coup les doléances de certains experts ou analystes.
Benabderahmane vient d’exclure totalement cette mesure, la qualifiant de radicale, estimant qu’elle « ne saurait constituer une alternative » face aux complexes dysfonctionnements structurels du secteur des finances et des banques.
Selon lui, « ce n’est pas possible légalement, car un billet de banque ou une pièce de monnaie a une durée de vie minimum de dix ans au moins », mettant en exergue la récente décision de la mise en circulation d’un nouveau billet de banque de 2000 DA.
Pour le ministre, le débat est biaisé, car il s’agit plutôt de parler de stabilité économique, soulignant qu’il faut insister et convaincre les gros détenteurs d’argent et les grands acteurs de l’informel à réinjecter leurs fonds dans les banques, en toute sécurité et selon les termes de confidentialité de rigueur.
Autrement dit, la bataille contre l’informel est un vaste chantier, qui commence par le rétablissement de la confiance et de l’instauration des règles pour tout le monde, en arrivant à la régulation et la stabilité économique, en passant par des mesures de défiscalisation ou d’amnistie.
Avant d’évoquer le dossier des réserves de changes, dont le montant est supérieur à 40 milliards de dollars, le ministre a voulu expliquer la persistance du manque de liquidités dans les guichets des agences postales. Il a imputé ce problème à la crise sanitaire qui a lourdement impacté l’économie du pays, créant des dérégulations, tout en accusant la nature et le fonctionnement du système financier national.
Pour rappel, il avait promis que ce phénomène sera résolu dés octobre 2020. Sans être rassurant sur ce manque de liquidités, alors qu’un mois de Ramadhan pointe à l’horizon, connu pour être le mois ou les retraits des ménages sont massifs et battent des records, le ministre s’est contenté de faire des réponses vagues et sans portée. « L’Algérie a une économie de cash », dira t-il, ajoutant que même des pays avec des banques à fort niveau de digitalisation, le problème s’est posé en raison des effets de la Covid-19.
Cependant, le ministre des Finances a révélé qu’un « comité de veille travaille 16 heures par jour, voire 24 heures sur 24 pour répondre aux besoins des bureaux de postes, en cas de tension ». Il a une nouvelle fois promis que des liquidités seront injectées à la veille du Ramadhan pour éviter les tensions ou des ruptures de fonds dans certaines régions.
Il faut noter que lors du dernier Conseil des ministres, le président de la République a décidé de fermer tous les comptes commerciaux au niveau d’Algérie Poste et d’interdire l’ouverture de nouveaux comptes, sauf dans les wilayas du Sud.