Le plan d’alerte de Sellal
Ce plan national appelé « Alerte rapt/disparition d’enfants » a été élaboré et mis en place par un groupe de travail multisectoriel créé sous l’égide du ministère de la Justice, conformément aux instructions d’Abdelmalek Sellal en date du 18 janvier 2016.
Il vise à mettre en place les mécanismes de prévention contre ces crimes qui se sont propagés à une vitesse vertigineuse cette année.
Nihal (5 ans) a été identifiée après analyse de restes de sa dépouille découverts éparpillés à travers une forêt dans la wilaya de Tizi Ouzou ; Brahim(8 ans) et Haroun(9 ans) découverts, l’un dans une valise et l’autre dans un sac en plastique, abandonnés dans un chantier à quelques encablures de leurs domiciles à la ville nouvelle Ali-Mendjeli de Constantine ; Yasser (4 ans) gisait sur le palier devant la porte de l’appartement de son grand-père à Constantine ; Anes (4 ans) retrouvé dans un caniveau tout près du domicile de ses grand-parents à Mila ; Aderrahmane, son corps en décomposition, a été découvert dans une forêt à El Eulma dans la wilaya de Sétif… la liste est malheureusement bien longue d’enfants « massacrés » pour des raisons que nul n’est en mesure de saisir.
Est-il aujourd’hui permis d’espérer que l’innocence des enfants soit à l’avenir protégée, non seulement par la cellule familiale, mais aussi et surtout par toute la société ?
L’on a, en tout cas, tendance à le croire après la mise en place, tant attendue, d’un dispositif national d’alerte aux kidnappings et disparitions d’enfants.
Ce dispositif, indispensable dans la conjoncture actuelle, sera déclenché à chaque fois qu’un cas de rapt et/ou de disparition d’enfant sera signalé à travers le territoire national, à en croire une instruction adressée par le Premier ministre à plusieurs ministères, corps de sécurité et organismes publics, apprend-on.
Médias publics dans leur ensemble, supports publicitaires, opérateurs de téléphonie mobile, ports, aéroports, gares… seront mis à contribution pour permettre à ce plan de fonctionner dans une synergie préétablie afin de relayer le plus rapidement et le plus loin possible l’alerte dans le but de retrouver le disparu en vie.
« Sous la direction du procureur de la République, tous les organismes publics concernés (médias publics dans leur ensemble, supports publicitaires, opérateurs de téléphonie mobile, ports, aéroports, gares…) seront ainsi sollicités pour relayer l’alerte dans une synergie préétablie, à l’effet de concourir à retrouver l’enfant en danger en vie, dans les meilleurs délais possibles », est-il souligné dans l’instruction.
Ce plan national appelé « Alerte rapt/disparition d’enfants » a été élaboré et mis en place par un groupe de travail multisectoriel créé sous l’égide du ministère de la Justice, conformément aux instructions d’Abdelmalek Sellal édictées en date du 18 janvier 2016.
Le nombre impressionnant de disparitions d’enfants ces cinq dernières années ne pouvait que concourir à la mise en place rapidement de mécanismes adéquats dans le but de contrecarrer le phénomène lequel, faut-il le rappeler, a touché tous les pans de la société.
Aussi bien des enfants de parents aisés que ceux de familles aux modestes ressources ont été victimes de rapts, plongeant toute la société dans une psychose indéfinie.
Les rumeurs les plus folles avaient alors fusé de partout imputant les enlèvements à un réseau maghrébin bien rôdé spécialisé dans la vente d’organes d’enfants, avant d’être démentie d’abord par les autorités puis par les autopsies pratiquées sur les rares dépouilles retrouvées des victimes.
En tout état de cause, plusieurs cas ont révélé l’acte solitaire ou encore celui de petites bandes agissant pour la plupart sous l’effet de psychotropes.
Des spécialistes, intervenant lors d’un forum organisé en 2015 par le quotidien Al Mihwar, étaient unanimes à dire que « les enlèvements, dont sont victimes les enfants, sont souvent suivis de viols sexuels ».
A en croire les chiffres fournis, en 2014, ce sont pas moins de 195 enfants, dont 53 garçons, qui ont été enlevés, alors que durant la période allant de janvier à fin août 2015, 52 enfants, dont 39 fillettes, ont été enlevés et violés par leurs ravisseurs.
Selon Mme Kheïra Messaoudène, commissaire divisionnaire et chef du Bureau national de la protection des enfants, pas moins de 23 enfants ont été tués durant 2014-2015 pour des motifs très particuliers.
Rappelons aussi que loin de s’admettre soumise au dictat des ravisseurs, la société ne cesse de bouger pour « exiger » que des mesures soient prises par les autorités pour punir les auteurs, mais aussi pour protéger les enfants, tous les enfants.
Un rassemblement a d’ailleurs réuni au début du mois en cours à Constantine une trentaine de personnes, à leur tête les parents d’enfants disparus dont ceux de Brahim et Haroun, ainsi que le père de Leith, le bébé kidnappé de la nurserie du CHU Dr Benbadis puis retrouvé deux semaines plus tard chez un couple (ses ravisseurs) dans la localité de Tamalous à Skikda.
Des photos d’enfants disparus, dans leur majorité dans des circonstances dramatiques, et autres pancartes réclamant la peine de mort ont été arborées par les manifestants qui ont appelé les pouvoirs publics à agir et à appliquer la peine de mort comme châtiment (au moins pour les crimes commis contre les enfants).
Bien que plusieurs criminels croulent actuellement derrière les barreaux pour enlèvement et assassinat d’enfants.
C’est le cas des assassins des petits Brahim et Haroun, deux repris de justice, l’un âgé de 21 ans et l’autre de 38 ans au moment des faits.
Les deux criminels ont été arrêtés 24 heures après la découverte des corps des deux innocents et condamnés la même année à la peine capitale. Idem pour le meurtrier de Yasser qui s’avéra être son voisin de palier. Ce dernier, également condamné à mort, avait commis son atrocité après avoir entraîné le petit garçon chez lui à deux pas du domicile des grands-parents du bambin.