Le pays en totale léthargie
Un gouvernement en congé – quelques ministres continuent d’exercer leurs activités – un Parlement (Sénat et Assemblée populaire nationale) parti en vacances depuis le début du mois de juillet- une classe politique plongée dans une totale léthargie et enfin l’affaire des nominations sécuritaires qui a tenu ces derniers jours le haut du pavé, ce sont là hélas, les ingrédients d’un mois d’août
à oublier au plus vite…
Pratiquement toutes les institutions officielles tournent au ralenti. La période des vacances n’est pas encore terminée pour certains. Dans ce profond sommeil estival, l’ex-chef d’un groupe terroriste repenti, Madani Mezrag, tient une université d’été à Mostaganem, bravant l’interdiction de la DRAL et défiant le pouvoir.
A croire que cet assassin de militaires a senti le flou qui caractérise le pouvoir depuis quelques jours. Encouragé par ce cafouillage au sommet, Mezrag ose même lancer un défi : « Aucune partie ne peut mettre fin à nos activités politiques et aucune voix hostile ne peut nous entraver », dit-il provocateur dans un entretien sur un site électronique. Le gouvernement reste sans réaction face à ce sanguinaire. Trop d’incohérences et de volte-face caractérisent ce gouvernement remanié plusieurs fois.
C’est le moment de poser la question de savoir à quoi rime la démarche actuelle du gouvernement Sellal. Alors que le prix du pétrole ne cesse de dégringoler et pourrait baisser à court terme jusqu’à 40 dollars le baril, il n’a pas encore pris la mesure du danger que représente cette chute drastique des recettes pétrolières sur l’avenir des grands projets du programme présidentiel 2014-2019.
L’économie a été en berne en 2014 et l’est probablement en 2015, avec une croissance modeste et une hausse du déficit budgétaire. La croissance donne des signes de ralentissement. Les caisses publiques sont vides. Le gouvernement Sellal multiplie les « astuces » pour rationaliser les dépenses et amener l’argent de l’économie informelle dans le circuit officiel.
L’économie recule, tirée uniquement des hydrocarbures. Elle est devenue peu compétitive et sujette aux grands chocs. Devant une déprime qui ne dit pas son nom, le gouvernement est dans l’obligation de mettre en place en urgence des réformes structurelles profondes pour redresser la barre. Le staff gouvernemental ne sait quoi faire pour endiguer la crise actuelle.
Une rentrée politique plutôt que sociale
« Opposition plurielle… « ; « Opposition unie… « . Tout se dit. Peut-être avec un brin d’exagération. La vérité est que l’opposition politique peine à faire bloc. Bien pire, on assiste à des combats d’ego.
Dans ce contexte politique, chacun prêche pour sa propre chapelle. Plusieurs faits le prouvent.
Aux yeux de plus d’un analyste de la situation politique, les atermoiements de l’opposition tirent leur origine de la difficulté même, pour celle-ci, de s’unir au sein d’une même plate-forme.
Chaque leader croit avoir le charisme et le gabarit nécessaires et n’entend pas se subordonner. Moralité : plusieurs plates-formes se sont créées dans l’opposition, mais aucune d’elles n’a reçu l’assentiment général.
Cette année, la rentrée sociale sera plus politique que sociale.
La présidence de la République s’apprêterait à annoncer incessamment la présentation de la mouture finale du projet de Constitution au Parlement.
Le président Bouteflika avait chargé son directeur de cabinet, Ahmed Ouyahia, qui vient de se voir confier la direction générale du Protocole et la direction de la Presse de mener une série de consultations dans le but de recueillir les avis des différents acteurs de la société – partis politiques, associations, personnalités, etc. –, dans la perspective d’une révision qui serait la plus consensuelle possible.
Mais l’opposition réunie autour de la CNLTD, plus le parti de Ali Benflis, ont boycotté ces rencontres. Les membres de la CNLTD s’en tiennent toujours à la plate-forme de Mazafran et renouvellent leur appel à une « transition démocratique négociée pour épargner au pays les périls qui le menacent ».