Le nouveau bâton de pèlerin du FLN

C’est le temps des bilans pour Saâidani. Bilan de son propre chantier politique lancé récemment, celui de la mise en place d’un Front national de soutien eu programme de Bouteflika.
Critiqué au départ pour l’absence de poids lourds dans cette nouvelle « organisation », le patron du FLN veut y remédier en sollicitant d’autres formations politiques appartenant à des chapelles idéologiques qui ont versé dans l’opposition.
Première pierre à cette édifice, c’est cette rencontre insolite entre Saâidani et l’ex-ministre Abdelmajid Menasra, chef du Front du changement. Insolite non pas par son caractère inédit ou étonnant, mais plutôt par le choix rusé de la part de Saâidani envers une aile importante de la mouvance des Frères musulmans.
On se rappelle que Menasra, un bon élève du défunt Nahnah, chef spirituel de ce mouvement en Algérie et théoricien de la politique de l’entrisme et de l’islamisme BCBG, a fait sa première dissidence suite à la réélection de Aboudjerra Soltani à la tête du MSP, à l’issue d’un congrès houleux en 2007.
C’est ce même Menasra qui revendiqua depuis l’appartenance ou l’allégeance à cette puissante Internationale, avant que son propre mouvement ne connaisse une autre dissidence organique avec la création par un autre compagnon de Nahnah d’un parti politique, dénommé « harakat el Bina », qui a rallié l’opposition, et devenu membre de l’instance de concertation et de suivi(ICS).
D’ailleurs, c’est au siège de ce parti nouvellement agréé que se sont tenus les travaux de l’ICS il y a une semaine. Si pour Menasra, cette rencontre avec Saâidani lui donne l’occasion d’exister politiquement et médiatiquement, même s’il a pris des précautions d’usage en brandissant des réserves de circonstance et en annonçant d’emblée qu’il y aura des rounds de négociations avant de rejoindre le Front national uni, pour Saâidani, par contre, l’objectif est double.
Selon les analystes, le FLN vient d’exploiter une faille politique en profitant des divisions au sein de la mouvance islamiste modérée, pour y arrimer une formation même « petite » au sein de son attelage qu’il s’apprête à lancer.
Car une adhésion à ce Front élargi du FG de Menasra serait un « désaveu » indirect à l’endroit de Mokri et de son MSP, mais surtout un grand pas vers l’introduction de ce parti dans une future coalition gouvernementale dirigée par le FLN.
Il semble aussi que Menasra, en bon ancien commis de l’Etat et ex-ministre, l’a compris en donnant des gages de bonne volonté et surtout en montrant des disponibilités politiques. Abdelmadjid Menasra affirme avoir trouvé des propositions « intéressantes », comme il a fait part en revanche de ses réserves sur d’autres points. « De toute les manières, il va y avoir d’autres rounds de négociations.
On verra ce que cela donnera, mais nous demeurons confiants pour aboutir à une vision consensuelle. En attendant, nous allons examiner le document dans le détail », a-t-il indiqué, lors d’un point de presse animé conjointement avec Saïdani. Pour le Front du changement, être dans l’opposition ne signifie pas fermer la porte et refuser toute offre de dialogue.
Cela surtout dans une conjoncture telle que celle que traverse l’Algérie actuellement. « Notre formation est ouverte à toute discussion qui vise à faire avancer le pays, à l’édification de l’État civil. Nous n’avons pas besoin des affrontements et autres injures et invectives.
Il est vital que l’opposition et le pouvoir conjuguent leurs efforts et proposent des solutions, des issues de sortie de crise ; sinon, cela ne sert à rien que l’opposition se réunisse seule et discute des problèmes du pays sans associer l’autre partie essentielle, en l’occurrence le pouvoir, et ce dernier a le devoir aussi d’impliquer les partis de l’opposition, car, au final, la politique doit mener au consensus », a plaidé Menasra en soulignant que « c’est par conviction politique que nous avons décidé de nous engager dans ces discussions. Après, tout peut arriver », a-t-il souligné.
Pour sa part, Amar Saïdani a jugé utile de faire un petit bilan concernant son initiative du « Front national de soutien au programme du président de la République » qui se veut, selon lui, un espace de dialogue, de démocratie et surtout ouvert à toutes les forces vives de la nation, « sans exclusion », qu’elles soient partis politiques, associations de la société civiles ou des personnalités.
« C’est une structure dans laquelle on débat des questions vitales du pays » a rappelé le secrétaire général du FLN, qui affirme, à cette occasion, que 30 formations politiques et plus de 300 associations ont adhéré à ce jour à l’initiative.
« Le FLN veut changer les mentalités et dialoguer avec tous les partis, ainsi que l’élite nationale. Nous aspirons également à impliquer les compétences nationales dans ce vaste projet. Nous estimons que beaucoup de choses doivent changer dans l’exercice politique en Algérie », a-t-il soutenu, en faisant part de la disponibilité de sa formation à discuter avec tout le monde.
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