Le Niger suspendu des institutions de l’UA

Presque un mois après le coup d’Etat au Niger, l’Union africaine (UA) a décidé ce mardi de suspendre le Niger de ses institutions. Une suspension qui survient quelques jours après avoir affiché une position réservée sur la menace d’une intervention militaire ouest africaine, brandie par la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao).
Cette décision a été annoncée par le Conseil de la paix et de la sécurité, un organe de l’organisation panafricaine dans un communiqué publié ce mardi. Lors d’une réunion sur « la situation au Niger » tenue le 14 août dernier, le CPS a aussi décidé « de suspendre immédiatement la participation de la République du Niger de toutes les activités de l’UA et de ses organes et institutions jusqu’au rétablissement effectif de l’ordre constitutionnel dans le pays », selon la même source.
C’est lors de cette réunion que le CPS « a pris note de la décision de la Cedeao », l’organisation régionale ouest-africaine, « de déployer une force » au Niger et demande à la commission de l’UA d’« entreprendre une évaluation des implications économiques, sociales et sécuritaires » d’un tel déploiement.
Après le renversement par des militaires du président Mohamed Bazoum, élu en 2021, la Cedeao a annoncé le 10 août son intention de déployer une force ouest-africaine « pour rétablir l’ordre constitutionnel au Niger ». La Cedeao n’a pas cessé de répéter qu’elle préfère une solution diplomatique, tout en agitant l’option de l’usage de la force.
Des délégations de médiateurs ont été envoyées sur place, afin de discuter des possibilités d’une solution pacifique à la crise. Les putschistes demeurent inflexibles sur le sort du président renversé, en décidant de tenir de le poursuivre à travers l’ouverture d’un procès pour « haute trahison » contre Bazoum, son entourage politique et certains de ses proches.
Selon les observateurs, la dernière mission de la Cédéao dirigée par un ancien président du Nigéria a été un échec total. En dépit de certaines déclarations optimistes, il semble que les putschistes ne veulent nullement lâcher leur plan initial. Rapidement, ils ont déjà lancé un calendrier politique, en engageant un dialogue national interne, pris des mesures économiques et nommé un nouveau gouvernement.
Il faut souligner que vendredi dernier, après une réunion de chefs d’état-major ouest-africains dans la capitale ghanéenne Accra, le commissaire aux affaires politiques, à la paix et à la sécurité de l’organisation régionale, Abdel-Fatau Musah, a fait savoir que « le jour de l’intervention » était fixé tout comme « les objectifs stratégiques, l’équipement nécessaire et l’engagement des Etats membres ».
« Si une agression devait être entreprise contre nous, elle ne sera pas la promenade de santé à laquelle certains croient », a répondu le lendemain le général Abdourahamane Tiani, le chef des putschistes.
Sur le plan international, de nombreux pays, l’Algérie et Etats-Unis en tête, ont appelé à une résolution pacifique de la crise. Privilégiant la voie du dialogue, Alger a mis en garde contre toute dérive qui pourrait mettre le Niger et toute la région du Sahel dans une situation dramatique. D’autant que cette zone connait depuis les interventions étrangères en Libye une instabilité chronique et une recrudescence des activités terroristes.
Dimanche dernier, douze soldats nigériens ont été tués dans une embuscade de groupes terroristes dans la région de Tillabéri, dans le sud-ouest du pays, selon la télévision nationale, Télé Sahel. Selon ce média, une unité de la garde nationale qui menait une opération antiterroriste « a été la cible d’une embuscade » dimanche en fin de journée dans la commune d’Anzourou, dans une zone fortement touchée par les violences de ces groupes armés.
La région de Tillabéri est située dans la zone dite des « trois frontières » (celles qui délimitent le Niger, le Burkina Faso et le Mali), un repaire pour les terroristes sahéliens affiliés à Al-Qaida et au groupe Etat islamique.
La « dégradation de la situation sécuritaire » au Niger a été l’un des principaux points mentionnés par les membres du régime militaire pour justifier leur coup d’Etat du 26 juillet, qui a renversé le président Mohamed Bazoum.
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