Le maire d’une ville française veut interdire la langue arabe dans les écoles
En ces temps où la suspicion de tout ce qui vient du Sud ou de l’Orient est courante dans beaucoup de pays européens, une polémique enfle et vient jeter de l’huile sur le feu. Destiné aux enfants issus de l’immigration maghrébine notamment et assuré depuis des années dans des écoles primaires, l’enseignement de la langue arabe fait ces jours-ci polémique en France.
Des élus montent au créneau pour critiquer ouvertement des accords datant des années 1970 et qui mettent à contribution les pays d’origine des migrants par l’envoi et la prise en charge d’enseignants de langue arabe. Ces derniers étaient alors tenus d’assurer des cours d’arabe aux élèves du primaire dans le cadre d’accords binationaux.
Le maire de Perpignan, au Sud-ouest de la France, fait depuis quelques temps la chasse aux sorcières. L’élu UMP, un pied-noir originaire de Mostaganem, à la tête de la municipalité depuis 2009, semble carrément opposé à la formule et il l’affiche depuis le mois de septembre. Selon un journal français, Jean-Marc Pujol (le maire) viserait un enseignant algérien lequel est depuis quelque temps au centre de critiques l’accusant de faire du prosélytisme.
L’enseignant se serait absenté pour des raisons qui restent inconnues, une situation qui profite à ses détracteurs et ajoute à la suspicion. L’élu n’a pas manqué d’attirer l’attention de la plus haute instance éducative de sa région, l’inspection académique en l’occurrence, laquelle aurait pris les mesures qui s’imposaient en ouvrant un dossier sur le sujet. Selon les déclarations du responsable de l’inspection livrées au même journal, l’enquête diligentée par son institution n’a relevé aucun fait contraire aux objectifs pédagogiques tracés.
Le responsable académicien a précisé « qu’aucune observation négative sur le déroulé des cours n’a été enregistrée tout comme nous n’avons pas eu de plainte de parents. Il y a une vigilance forte de nos services dans le cadre de ces accords binationaux. Des préconisations pédagogiques ont été faites, mais rien d’inhabituel. Si on avait connaissance de faits graves, j’aurais pris une décision sur le champ ». Près de 460 élèves issus de l’immigration arabe suivent ces cours prodigués dans la plusieurs écoles primaires publiques.
Concernant l’absence de l’enseignant contre lequel cet acharnement cache mal les desseins de ses adversaires, le premier responsable de l’inspection a révélé au même journal qu’il avait sollicité, via un courrier, l’ambassade d’Algérie pour recevoir des nouvelles de l’enseignant absent dont « les raisons pourraient être liées à des problèmes de santé ».
Cependant, l’élu ne semble guère prêt à lâcher prise. Il aurait d’ores et déjà prévu de se rendre dans certaines écoles aux heures des classes « ciblées » pour, croit-on savoir, tenter de dénicher la moindre faille afin de pouvoir transmettre « ses plaintes » aux plus hautes autorités françaises.
Le maire en question est, avons-nous appris par ailleurs, derrière une tentative d’interdiction d’un spectacle de l’humoriste français d’origine camerounaise Dieudonné sen 2013, arguant des menaces à l’ordre public. Le comédien était durant cette période au centre d’une polémique qui le qualifiait d’antisémite.