Le livre, arme de combat de la guerre de libération nationale
Dans la lutte héroïque du peuple algérien pour le recouvrement de la souveraineté nationale, le livre a joué un rôle déterminant comme arme de combat.
Cette cause juste et légitime a été le thème favori de nos patriotes et nationalistes, mais aussi un outil efficace pour des humanistes venus de tous les horizons et de tous les pays.
Le livre, comme instrument de résistance à l’oppression coloniale et comme arme redoutable de combat, a commencé son œuvre salvatrice bien avant le déclenchement de la lutte armée le premier novembre 1954. Déjà, dès la sauvage agression de juin 1830, des écrits ont fustigé les visées colonialistes de l’envahisseur et sa volonté d’imposer son hégémonie culturelle.
Nombreux ont été les notables et érudits algériens qui se sont élevés contre cette occupation. Sous le règne de l’émir Abdelkader, lui-même a publié des ouvrages où il dénonce l’inégalité et l’injustice subies par les populations algériennes.
Des livres publiés au début de la colonisation par des écrivains français de passage en Algérie, à l’image d’Alphonse Daudet, d’André Gide ou de Guy de Maupassant, font état de cette discrimination. Les auteurs algériens se mettent à écrire, particulièrement après le centenaire de la prise d’Alger, célébré avec arrogance et mépris contre le peuple algérien. Cheikh Ben Badis a écrit de nombreux ouvrages en langue nationale, où il défend la personnalité et l’identité algériennes et condamne le colonialisme pour ses formes abjectes d’asservissement du peuple algérien.
L’avènement d’associations, à l’image de l’Etoile nord-africaine, a été le creuset de la publication d’ouvrages glorifiant la résistance au colonialisme et ouvrant les prémices au combat libérateur.
Des Européens d’Algérie ont été sensible à l’exclusion des Algériens. Albert Camus, futur prix Nobel de littérature, a mis par écrit au grand jour la pauvreté et la misère des habitants de la Kabylie sous le colonialisme.
Le déclenchement de la lutte armée, le premier novembre 1954, a été l’occasion de la multiplication de la publication de livres sur la guerre d’Algérie. Des ouvrages ont vu le jour des deux côtés de la Méditerranée, soutenant, accompagnant et appuyant le peuple algérien dans son combat pour l’indépendance.
Des livres qui ont fait basculer les prétentions du colonialisme
Certains titres ont foncièrement bouleversé la politique coloniale pratiqué, en Algérie. On retiendra à ce sujet l’ouvrage clé de Frantz Fanon qui a écrit Les damnés de la terre et qui a reçu un vaste écho international. Ce fut un réquisitoire accablant contre le colonialisme français en Algérie. Un autre livre qui a fait sensation dans le monde a été celui de Henri Alleg. Combattant engagé auprès du Front de libération nationale, Henri Alleg a subi les atrocités de la torture et a fait découvrir ses procédés inhumains dans son livre intitulé, la Question.
Ce livre, arme de combat, a fait basculer la crédibilité de l’occupation coloniale en Algérie et a démontré la cause juste du combat du peuple algérien. Un autre livre préfacé par Jean Paul Sartre, ayant pour titre Djamila Boupacha, a sauvé de la guillotine cette héroïne de la Bataille d’Alger. Les auteurs algériens ont surtout écrit sur le 1er Novembre après l’indépendance. On retiendra le livre en trois volumes de Yacef Saadi sur la Bataille d’Alger.
On retiendra aussi parmi les premières publications de l’indépendance les ouvrages de Lacheraf. Le nombre de livres sur la guerre d’Algérie a pris ensuite un essor considérable aussi bien en Algérie qu’en France.
Des milliers de titres ont été publiés de part et d’autre de la Méditerranée. Du côté algérien, les moudjahiddine, par leur témoignage, ont voulu ainsi participer à l’écriture de l’histoire du 1er Novembre. Du côté français, nombreux ont publié un récit sur cette guerre de libération de l’Algérie.
Ce sujet restera toujours d’actualité, car tout n’a pas été encore dit. Le 1er Novembre 1954 sera pour longtemps encore un thème de premier plan pour les historiens et aussi un thème captivant pour l’inspiration dans la littérature, creuset de publication de livres.