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MENASahel

Le journaliste Omar Radi condamné à six ans de prison 

Le journaliste Omar Radi condamné à six ans de prison 
Demonstrators shoot slogans and hold a banner showing a portrait of Omar Radi, a Moroccan journalist detained over tweet criticising judge, during a demonstration, on December 28, 2019, in the city of Rabat. (c) STR / AFP

Dans le classement mondial des pays en termes de liberté de la presse établi par RSF (Reporters sans frontières), le Maroc continue de reculer. En un an, ce pays a perdu encore 9 places dans ce classement, se positionnant en 2023 à la 144e place.

Cette situation a été largement critiquée par les institutions internationales, qui relèvent l’intensification, ces dernières années, de la répression dont fait face la liberté d’expression au Maroc.

Ainsi, la liste des abus dans ce registre est longue. Le 23 mars 2022, la défenseuse des droits humains Saida El Alami avait ainsi été arrêtée pour des publications sur les réseaux sociaux critiquant les autorités. En avril, elle a été condamnée à deux ans de prison, une peine portée à trois ans en appel en septembre. Son arrestation a été suivie de plusieurs interpellations et convocations de militants pour des publications critiques sur les réseaux sociaux ou des appels à manifester contre les prix élevés du carburant.

Un autre militant, Rabie Al Ablaq, a été condamné en avril à quatre ans de prison. En novembre 2022, les forces de sécurité ont arrêté Mohammed Ziane, ancien ministre des droits de l’Homme, après qu’une Cour d’appel a confirmé sa peine initiale de trois ans de prison.

Le défenseur des droits humains, Rida Benotmane, a également été arrêté en septembre dernier puis condamné à trois ans de prison pour des publications et des vidéos sur les réseaux sociaux.

D’ailleurs, dans une résolution adoptée en janvier dernier, le Parlement européen avait sévèrement critiqué la situation de la liberté de la presse au Maroc. Ce Parlement, pourtant secoué par les scandales de corruption et des pots de vin contre plusieurs de ses membres par des agents marocains, a dénoncé le recours abusif aux accusations de crimes sexuels pour faire taire les voix discordantes parmi les journalistes marocains, condamnant « l’utilisation à mauvais escient d’allégations d’agression sexuelle pour dissuader les journalistes de faire leur travail ». A ce propos, le Parlement européen avait appelé à remettre en liberté les journalistes Omar Radi, Taoufik Bouachrine et Soulaiman Raissouni.

Bouachrine, 54 ans, fondateur et rédacteur en chef du quotidien Akhbar Al Yaoum, a été arrêté en 2018 et condamné en 2019 à 15 ans de prison pour « viol », « agressions sexuelles » et « traite des êtres humains ». Même malade, les autorités pénitentiaires marocaines lui proposent un traitement humiliant pour lui permettre de se soigner dans un hôpital civil : elles exigent qu’il s’y rende menotté et vêtu de la tenue des prisonniers. 

Son successeur à la tête de la rédaction de ce quotidien, Soulaiman Raissouni, 51 ans, purge, lui aussi, une peine de cinq ans de prison ferme pour « viol avec violence et séquestration ».

Pour sa part, Omar Radi âgé de 37 ans, était journaliste au Desk.ma et a travaillé pour plusieurs journaux étrangers. En 2021, il a été condamné à six ans de prison pour « atteinte à la sûreté de l’État », « viol » et « attentat à la pudeur ». Pour les trois journalistes, les condamnations sont définitives.

Il faut souligner que l’une des pratiques les plus courantes des services marocains pour réprimer et faire taire les journalistes est de leur endosser des accusations de crimes sexuels afin de les discréditer et de ternir leur image au sein de l’opinion publique.

Il y a quelques jours, l’ONGONG Une organisation non gouvernementale (ONG) est une association à but non lucratif, d'intérêt public, qui ne relève ni de l'État, ni d'institutions internationales Pen International a dénoncé la confirmation des peines d’emprisonnement prononcées en première instance contre les journalistes marocains Soulaimane Raissouni et Omar Radi, et mis en garde contre le déclin des libertés au Royaume du Maroc.

Dans un communiqué publié sur son site, Pen International condamne fermement la décision de la Cour de cassation de Rabat, le 18 juillet dernier, de confirmer les peines de prison infligées aux deux journalistes marocains Raissouni et Radi, respectivement de 5 et 6 ans.

En réaction à ce verdict, Burhan Sonmez, président de PEN International, a déclaré : « Nous regrettons la décision de la Cour de maintenir les peines injustes contre Raissouni et Radi malgré des violations flagrantes de leur droit à un procès équitable. Ce verdict envoie un message alarmant sur la liberté de la presse au Maroc ».

A cet égard, il appelle les autorités marocaines à « annuler ces condamnations injustes (…) et à respecter les obligations internationales du Maroc en matière de liberté d’expression ».

En juillet 2022, le Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire avait conclu en effet que la détention de Raissouni était arbitraire, suscitant de graves inquiétudes quant à son bien-être physique et psychologique.



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