Le Hirak poursuit ses marches à Alger
Des milliers de manifestants ont battu le pavé ce vendredi à Alger, bravant le jeûne du ramadan et les dissensions idéologiques internes qui tiraillent le mouvement populaire pacifique.
Depuis la reprise Hirak appelant au changement radical, suspendu le 13 mars 2020 en raison de la propagation du coronavirus en Algérie, les manifestants ont affiché leur détermination «à poursuivre leur lutte pacifique».
Les manifestants ont sillonné les principales rues du centre ville, quadrillé depuis les premières heures de la matinée par un imposant dispositif policier, chargé d’assurer la sécurité des manifestants et des lieux.
Vers 13h30, aux alentours de la mosquée Errahma lieu emblématique du Hirak et point de départ de la première marche ralliant la rue Didouche Mourad, « Houria Houria» (liberté liberté), en référence à l’une des revendication clé du soulèvement populaire inédit, a fait vibrer les rues d’Alger centre, annonçant le début de la 114è marche hebdomadaire du Hirak.
Une trentaine de minutes après, la foule est arrivée de Bab El oued, remontant la rue Khemisti pour arriver jusqu’à la Fac centrale, lieu de rendez-vous des manifestants durant une année et demie de mouvement populaire pacifique, enclenchée le 22 février 2019, pour mettre terme à vingt ans de règne controversé d’Abdelaziz Bouteflika. En tête du cortège, était déployée une large banderole: «libérez nos frères détenus, manifester n’est pas un crime ».
Vers 14h15, des centaines de manifestants ont afflué de la rue Hassiba, brandissant l’emblème national et scandant les slogans du Hirak « Le peuple veut un changement radical », «Algérie libre et démocratique » et « le peuple veut un Etat de droit ».
Les hirakistes ont sillonné les rues d’Alger centre, scandant « Hada el Hirak wajeb watani w lazem nekherjou guaa» (Ce Hirak est un devoir national, il faut que tout le monde y participe) . « Les Algériens khawa khawa we chaab twahed » (les algériens tous frères et unifiés) a martelé la marée humaine dans le centre d’Alger lors de cette manifestation, en référence à la flambée des prix et à la rareté de plusieurs produits de table.
Semblant plus fourni que la semaine précédente, le cortège des manifestants a appelé à la libération de tous les détenus du Hirak et également à «l’indépendance de la justice ». Plusieurs pancartes tendues par des manifestants ont réaffirmé le rôle unificateur qu’a joué le Hirak, en dépit des tentatives de dissensions idéologiques internes et des ambitions personnelles qui ébranlent le mouvement, empêchant tout travail d’organisation ou l’élaboration d’une feuille de route politique avec des propositions concrètes.
« L’Algérie restera libre et unie », « Un seul pays, un seul peuple», pouvait-on lire sur plusieurs pancartes.
Interrogé par le Jeune Indépendant, Hicham Khayet, a exhorté les hirakistes à s’investir davantage dans leur lutte pacifique et maintenir les marches hebdomadaires et de les généraliser dans les quatre coins du pays en dépit de la hausse des contaminations au coronavirus consatées ces derniers jours et les mises en gardes des scientifiques.
« Si on veut réussir cette révolution, il faut qu’on s’organise et qu’on se mette d’accord sur les moyens de lutte pacifique et même sur les objectifs», a précisé Hicham, signalant la nécessité de travailler sur une charte du Hirak afin de remédier au problème de manque de confiance entre ses composantes.
Dans plusieurs villes du pays, à l’instar de Constantine, Bejaïa, Bouira et Jijel, des marches populaires pacifiques ont eu lieu avec comme principal souhait voir l’Algérie passer à une autre étape de son histoire.
