Le gouvernement doit être à l’écoute d’ In Salah
Médecin ophtalmologiste, Sabrina Rahimi, se range du côté des opposants au gaz de schiste.
Une décision rationnelle loin de toutes surenchères après des recherches sur l’impact avéré de l’exploration de ce gaz non conventionnel sur la santé et l’environnement. Elle appelle les pouvoirs publics à respecter la volonté des populations du Sud qui tiennent à préserver leur écosystème.
« Les gens du sud nous ont donné une grande leçon de citoyenneté en se mobilisant pour protéger l’écosystème. Aller à l’encontre de leur volonté risque de provoquer des problèmes politiques », a-t-elle averti hier dans une déclaration au Jeune Indépendant.
Pour cette défenseuse de l’écologie, les populations du Sud parlent en connaissances de cause car le Sahara, qui ne s’est toujours pas remis de l’horrible expérience des essais nucléaires françaises et leur impact irréversibles sur l’environnement et l’homme, vit encore de mauvaises expériences de ce genre dont l’enfouissement de grande quantité de CO2 sous les terres de la ville de In Salah et les grands risques écologiques immédiats qu’elles représentent et qui peuvent entraîner l’asphyxie immédiate des humains et des animaux.
« Aujourd’hui encore, on décide de détruire leur écosystème à travers l’exploration du gaz de schiste sans tenir compte de leur avis », a-t-elle regretté, en tenant à rappeler que les pouvoirs publics ont tendance à oublier que la région, en plus de sa richesse et sa diversification renferme le patrimoine naturel parmi les plus précieux de l’univers, El Ahaggar, classé par l’UNESCO patrimoine mondial en 1988 et qu’une telle industrie pourrait causer un grand tord au tourisme et à l’agriculture pour la région.
Pour ce médecin, ce qui intrigue le plus, c’est la détermination du gouvernement d’investir dans le gaz de schiste au moment où les pays qui ont déjà eu l’expérience dans ce domaine y renoncent pour des considérations économiques et environnementales. Elle a cité l’exemple du Canada dont le gouverneur a décidé en décembre dernier d’abandonner l’exploration de ce gaz non conventionnelle du fait que son exploitation ne serait pas rentable en plus de son impact lourd sur l’environnement.
Ce médecin a également évoqué la Pologne où encore la France qui a stoppé le projet grâce à la mobilisation citoyenne. « La seule façon d’extraire le gaz de schiste du sous-sol c’est la fracturation hydraulique dont les méfaits sur l’environnement et l’homme ne sont pas à démontrer en plus de l’utilisation effrénée des ressources hydriques que cela nécessitent », a-t-elle fait rappeler, en se disant franchement peu convaincue des arguments des pouvoirs publics qui prétendent détenir une technologie plus performante qui nous éviterait le désastre écologique.
« Si vraiment, ils possédaient cette technologie, qu’ils aillent la proposer aux étrangers », a-t-elle lancé. Avec la détermination d’explorer ce gaz non conventionnel, « l’Algérie va droit au mur », car en plus des risque de contaminations de la nappes albienne de In Salah et les risques de contamination de l’eau potable, les coûts générés par cette industrie dépasseraient le prix de revient, selon ce médecin qui cite l’évaluation présentée par les experts du secteur de l’énergie.
« Une industrie avec des perspectives sombres et peu rentables », a-t-elle renchéri d’autant que le volume des réserves contenues dans le sous-sol algériens n’est pas aussi précis qu’on le prétend.
« Dire que l’Algérie est classée au troisième rang mondial pour ses réserves de gaz de schiste une simple supposition théorique », a-t-elle soutenu en recommandant d’utiliser les 70 milliards de dollars, prévus dans l’exploitation du gaz du schiste, dans le développement agricole et touristique de la région.