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Monde Afrique

Niger: Les putschistes proposent une transition de trois ans

Niger: Les putschistes proposent une transition de trois ans

Les putschistes au Niger ont décidé de faire une première mise au point sur leurs actions. Menacés par la CEDEAO d’une intervention militaire, le général Abdourahamane Tchiani a tenu à clarifier ses intentions, lors d’un discours ce dimanche à la télévision locale.

Il a assuré que la période de transition « ne saurait aller au-delà de trois ans «, tout en mettant en garde les pays étrangers contre une action militaire visant son pays.

« Notre ambition n’est pas de confisquer le pouvoir «, a déclaré le nouvel homme fort. « Si une agression devait être entreprise contre nous, elle ne sera pas la promenade de santé à laquelle certains croient «, a-t-il en outre prévenu, en réponse aux menaces de la CEDEAO de créer une force armée en « attente ».

Le général Tchiani a annoncé également le lancement d’un « dialogue national « entre les acteurs locaux, qui devront disposer d’un mois pour formuler des « propositions concrètes « en vue de poser « les fondements d’une nouvelle vie constitutionnelle ».

Le général Tchiani n’a pas manqué l’occasion de fustiger la CEDEAO, l’accusant de se préparer pour la guerre, avec l’aide et le soutien d’un pays étranger, qu’il n’a pas cité. Les observateurs désignent la France, l’ancienne puissance coloniale du Niger et qui possède encore une grande base militaire dans le territoire, comme allié principal de la CEDEAO dans leur future action militaire.

« La CEDEAO s’apprête à agresser le Niger en mettant sur pied une armée d’occupation en collaboration avec une armée étrangère «, a affirmé le général, dénonçant une nouvelle fois des sanctions « illégales « et « inhumaines « de l’organisation ouest-africaine.

Cette sortie télévisée du chef des putschistes intervient juste à la fin de la visite à Niamey d’une délégation de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’ouest, qui cherchait une solution pacifique à la crise et souhaite le retour au pouvoir du président renversé Mohamed Bazoum, retenu prisonnier depuis le 26 juillet dernier, date du coup de force.

D’ailleurs, cette délégation a pu rencontrer Bazoum et a pu s’entretenir avec lui. Aucun détail sur ces concertations n’a été divulgué à la presse. Seulement des petites phrases qui esquissent l’espoir de relancer le dialogue et de faire baisser les tensions.

Cette délégation menée par l’ancien président du Nigéria, Abdulusalami Aboubakar, a pu s’échanger également avec les putschistes, ce qui n’était pas arrivé avec une précédente mission de médiateurs au début de ce mois.

« Il y a de l’espoir, pas de doute », a déclaré M. Abubakar, estimant que la visite de la délégation a permis de « trouver une clé pour poursuivre les pourparlers jusqu’au dénouement de cette difficile affaire ».

L’organisation régionale exige le rétablissement de l’ordre constitutionnel et la  libération immédiate de Bazoum et de ses proches. Cette entité ouest-africaine a pris de lourdes sanctions économiques contre le Niger depuis le 30 juillet, menaçant d’utiliser la force si les putschistes n’abdiquent pas. Vendredi soir, la CEDEAO a même fait savoir que le « jour de l’intervention a été fixé ».

Hier dans la matinée, plusieurs milliers de personnes ont manifesté, dans le centre-ville de Niamey, en soutien aux militaires. Les slogans « Non aux sanctions », « A bas la France ! », « Halte à l’intervention militaire ! », ont été lus sur la place de la Concertation de la capitale, comme pendant des précédentes manifestations favorables au nouveau régime.

Les putschistes semblent déterminés à ne pas céder aux menaces. Ils assurent qu’ils ont le soutien de la population locale et se préparent à la guerre, revigorés par la solidarité de deux autres pays voisins, le Mali et le Burkina Faso. Ces deux pays ont envoyés des unités militaires en soutien à l’armée nigérienne.

Après le déplacement d’une délégation de chefs religieux musulmans du Nigeria à Niamey le 12 août dernier pour tenter une médiation avec les responsables du régime militaire au Niger et trouver une solution pacifique à la crise, c’était autour du Vatican, ce dimanche, de réagir. Le pape François a appelé à une « solution pacifique le plus tôt possible », disant se joindre « à l’appel des évêques en faveur de la paix dans le pays et de la stabilité au Sahel ».

La veille, l’Algérie, qui partage plus de 1000 km de frontière avec le Niger, avait fait de même. Alger craint un remake du scénario libyen, estimant qu’une intervention militaire serait une catastrophe pour toute la région du Sahel, qui deviendrait ainsi une véritable poudrière.

 



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