Le football français se lepénise-t-il ?
Ça ne tourne vraiment pas rond (appréciez quand on est dans le football, quant à la forme du ballon…) dans l’Hexagone. Du moins pas dans la tête de certains de ses plus illustres acteurs.
En tête ou parmi eux, des noms qui ont eu, avec le précieux concours de qui on sait (suivez notre regard et on y arrivera) à en écrire quelques belles pages mais qui ont, pour des raisons inexpliquées (aucune excuse n’est valable quand on sort les vieilles thèses de cellules racistes dormantes, et donc pas les adeptes de Lepen- père et fille- et une extrême droite qui ne s’est jamais aussi mieux portée, n’a jamais été aussi « offensive » que depuis la prise du pouvoir par l’ex-président Sarkozy sur le retour ces derniers temps) dévié subitement de leur noble mission d’éducateurs (il s’agit d’entraîneurs ayant pignon sur rue et donc écoutés) pour nous sortir des insanités dénotant du climat politique (en sport, on est en plein dans la politique) délétère d’une France (de la gauche à la droite) se reniant sur tous les tableaux. Se cherchant de nouvelles voies sur le dos de l’étranger coupable de venir « manger le pain des Français ».
La semaine qui vient de s’achever nous en aura montré des facettes (du déjà-vu et rebonjour l’actuel coach du Paris SG, qui a eu à s’illustrer sur ce chapitre très délicat en donnant (en off) sa « haute opinion » concernant le joueur arabe (il s’agissait, on l’aura compris du Maghrébin, en particulier, jugé coupable de ne pas résister à l’appel du cœur, en choisissant la sélection de son pays d’origine qui, malheureusement pour lui et heureusement pour un débat qui fait toujours aussi rage quand il faut parler de l‘immigré, atterrira sur la place publique.
Direction Bordeaux pour réaliser combien est rentable, comme dirait l’ancien président de l’OM, Pape Diouf, qui appellera les joueurs africains de Ligue 1 française à boycotter une prochaine journée de championnat, la logique qui veut que « dans la France d’aujourd’hui, la parole dite libérée et l’attitude de plus en plus désinvolte ou franchement provocante sont les prétextes nouveaux autour desquels les refoulés et les embusqués de l’idéologie brune s’agitent et jettent le masque ».
Dans le lot, un certain Willy Sagnol, entraîneur de son état des Girondins de Bordeaux qui dérape à son tour et se retrouve en plein dans une polémique sans fin et qui, nous rappelant la fameuse affaire des quotas impliquant, il y a trois ans, Laurent Blanc (on aimerait tellement avoir son avis sur l’arrivée d’un arabe, Nasser El Kheklaifi, à la tête d’un club aussi prestigieux que le PSG et qui se trouve- on a la réponse- être son employeur) fait couler beaucoup d’encre avec des propos gravissimes sur le « joueur typique africain », même si, ici, on se confond en « excuses » après avoir enflammé le football français et pas seulement, à voir la levée de boucliers qui a suivi.
Willy Sagnol, entraineur de Bordeaux
Que nous apprend Sagnol et sur quels arguments s’appuie-t-il pour « pérorer » sur justement le joueur africain dont il loue « les qualités physiques » tout en regrettant son « manque d’intelligence ».
Ce n’est pas « raciste » ? On lit et on se fait (Lilian Thuram, champion de l’antiracisme, son ex-partenaire chez les Bleus est on ne plus outré) une idée : « L’avantage du joueur, je dirais typique africain : il n’est pas cher, généralement prêt au combat, on peut le qualifier de puissant sur un terrain. Mais le foot, ce n’est pas que ça, c’est aussi de la technique, de l’intelligence, de la discipline », dit Sagnol, qui débute cette saison sur le banc d’une équipe de L1 après avoir dirigé l’équipe de France espoirs. Il faut de tout.
Il faut des Nordiques aussi. C’est bien les Nordiques, ils ont une bonne mentalité. Une équipe de foot, c’est un mélange. C’est comme la vie, c’est comme la France. Sur un terrain, on a des défenseurs, des attaquants, des milieux, des grands, des rapides, des petits, des techniques. Voilà. ».
L’auteur de ces « remarques », qui ont fait jaser sur les réseaux sociaux et pris pour son grade, s’excuse mais un peu trop tard pour la polémique, au contraire de son ami, qui lui avait ouvert la voie dans « l’expression décomplexée du racisme anti-noir » fustigeait par ailleurs SOS Racisme dans un communiqué où il exprimait sa colère, rejoignant sur ce registre Thuram qui, surpris, se désolait de la persistance de « préjugés ayant la peau dure sur les personnes venant d’Afrique, les personnes qui sont noires ; on les enferme toujours dans leur force et on nie chez eux une certaine intelligence. »
Y aura-t-il encore des joueurs « noirs » (venant d’Afrique) à Bordeaux tant que Sagnol sera encore en poste ? « Pas cher » (c’est lui qui le dit et c’est vrai, c’est la loi d’un marché européen à la limite du « racisme ») mais bourré de talent, tellement utile, la réponse coule de source. Beaucoup même et il n’y fera rien. Dommage pour un technicien qui débute au plus haut niveau. Le coup de « pub » semble réussi. Les Lepen ? On imagine un peu.