Le film « El-Akhira » enchante le public algérois

Dans une ambiance électrisante empreinte d’excitation et d’anticipation, l’avant-première tant attendue du film « El-Akhira » (la dernière reine) a enchanté le public algérois. Coréalisé par Damien Ounouri et Adila Bendimerad, ce long-métrage plonge le spectateur dans l’histoire de la dernière reine d’Alger, dont le destin est aussi fascinant que tragique.

Présenté à la salle Ibn Zeydoun de l’office Riadh-El-Feth, où une foule nombreuse s’est réunie, en particulier des personnalités du milieu cinématographique, le public algérien a été transporté en 1516, à Alger, juste après sa libération des Espagnols grâce à l’aide décisive du corsaire Aroudj Barberousse.

Cependant, le Sultan Salim Toumi interprété par Mohamed Tahar Zaoui, qui avait formé une alliance avec le pirate, est assassiné dans des circonstances suspectes, peut planer le doute quant à l’identité des coupables.

Le corsaire décide de s’emparer de la ville, et demande la main de Zaphira qui refuse, car elle est toujours en deuil. Au milieu de cette situation troublante, Zaphira, campé par Adila Bendimerad, décide de rester dans la ville afin de découvrir la vérité sur l’assassinat de son époux et de préserver l’héritage de son fils Yahia, destiné à succéder à son père.

Déterminée à tout sacrifier pour son enfant, elle se confronte à son père, ses frères, qui la complète comme une impure qui déshonore sa famille du fait de son statut de veuve sans tuteur. Mais elle ne cédera à personne, elle se battra pour récupérer ce qui lui revient de droit.

Après avoir rejeté la proposition de mariage d’Aroudj, Zaphira rencontre Chegga (Imen Noel) la première femme de Salim, qui lui demande d’accepter cette union pour venger la mort de leur bien-aimé. Chegga révèle alors qu’elle prévoit d’attaquer Aroudj pour reprendre le pouvoir, et que ce mariage servirait de plan de secours en cas d’échec de son premier plan. C’est exactement ce qui se produit.

Zaphira se fraye un chemin dans les assemblées d’hommes où les femmes étaient traditionnellement exclues. Sa présence audacieuse et sa volonté inébranlable de protéger l’héritage de son mari en font un personnage fascinant, symbole de force et de détermination.

Zaphira ou symbole de la résistance

Dans la nuit de leurs noces, Zaphira tente de poignarder Aroudj avec un courage déterminé, mais elle se retrouve impuissante face à lui. Elle choisit alors de se suicider dans une scène épique et captivante. Malgré les débats entre réalité et légende dévoilant le récit, Zaphira est devenue un véritable symbole de résistance et de lutte pour la liberté, rejetant toutes les formes d’occupation. L’actrice Adila Bendimerad incarne ce rôle avec une maîtrise remarquable.

Les réalisateurs ont su captiver le public en recréant avec minutie l’atmosphère de l’époque. Le film se distingue également par sa mise en valeur de la ville d’Alger à cette époque. Les magnifiques palais sont présentés dans leurs moindres détails, témoignant de la réalité de la vie des habitants de la ville. Le long-métrage rend également hommage aux chants traditionnels interprétés par les femmes de l’époque, accordant une atmosphère de sérénité et de tranquillité dans les salons du palais, qui étaient le quotidien des habitants de la ville.

Scène d’El Akhira

Un autre aspect qui constitue l’attention des spectateurs est l’utilisation d’un dialogue en dialecte algérien authentique, sans aucune influence étrangère. Cela a réussi à transporter le public dans cette période historique tout en restant naturel et fluide, chaque phrase jouant un rôle essentiel dans l’histoire globale. Le berbère, l’espagnol et diverses langues méditerranéennes, se sont également ajoutés au film.

Le film se distingue également par ses scènes d’action palpitantes. Des batailles ont été choisies de manière professionnelle grâce à l’utilisation de cascadeurs expérimentés. L’acteur franco-algérien Dali Benssalah (Aroudj) excelle dans les scènes de combat grâce à sa pratique des arts martiaux chinois. Les réalisateurs ont dépassé la règle souvent utilisée par de nombreux réalisateurs algériens consistant à évoquer les batailles plutôt que de les montrer, donnant ainsi une saveur artistique supplémentaire à l’œuvre.

« El-Akhira » est une reconstitution magnifique, dotée d’une image de qualité, d’acteurs rendus et d’un montage de qualité. L’équipe artistique qui a présenté le film a eu droit à une standing ovation, témoignant de l’appréciation du public algérien pour cette histoire captivante et émouvante.

Damien Ounouri a confié en marge de la projection : « Je suis très ému et heureux de montrer le film au public algérien, cela après beaucoup de temps. Ce film a pris beaucoup d’années à ce faire. Cela n’a pas été facile de faire renaître Alger en 1500 ». Et d’ajouter : « nous avons montré ce film partout à l’étranger, nous avons eu des retours impressionnants sur la qualité du travail, qu’ils considèrent comme un blockbuster algérien. Nous avons mis beaucoup de cœur pour sa réussite ».

Tarik Bouarrara qui a traduit le scénario du français au dialecte algérien dira au Jeune Indépendant : « nous avons rencontré un grand problème, car nous n’avions aucune concrétisation concernant le dialogue de l’époque. J’ai dû retravailler le scénario trois fois pour arriver à cette version finale. Je me suis retourné vers les chansons anciennes, à l’exemple du hawzi, El andalous, el Malhoun, pour trouver des morts à intégrer aux dialogues ». Et de poursuivre : « en même temps, nous n’avons pas voulu utiliser des mots difficiles à déchiffrer pour le public. Nous avons voulu moderniser le scénario tout en gardant l’authenticité de notre belle langue ».