Le FCE veut bannir les subventions
Le Forum des chefs d’entreprises (FCE) invite le gouvernement à revoir sa politique sociale en matière de subvention des couches défavorisées. Le document que le président de l’organisation patronale, Ali Haddad, a remis hier au chef du gouvernement Abdelmalek Sellal – lors de la rencontre qui les a réunis à Alger- décortique la politique des subventions menées par l’Algérie depuis des années.
Le FCE présente par la même des propositions pour le changement de cette aide de sorte qu’elle profite réellement aux couches défavorisées. Dans ce volet, intitulé « la réorientation des politique de subvention au bénéfice des plus démunis », le FCE suggère l’annulation pure et simple du soutien absolu des prix des produits de large consommation et même de la subvention de certains produits et secteurs.
L’organisation patronale propose, en échange, la création d’une allocation de solidarité pour les personnes et les ménages concernés. Le FCE les classe en trois catégories : la première concerne les foyers vivant sous le seuil de pauvreté et qui représentent 9 millions d’habitants ou 1,8 million de foyers et pour lesquels l’Etat doit consacrer 216 milliards de dinars par an ; la deuxième catégorie sont les foyers dont le revenu est situé au niveau du SNMG. Ils représentent 1,2 million de foyers ou 6 millions d’habitants. Cette couche devrait bénéficier d’un appui financier de 115 milliards de dinars par an, enfin, la troisième concerne les gens qui ont un revenu égal à 1,5 fois le SNMG, soit 600 000 familles ou 1,2 millions de personnes auxquelles l’Etat doit octroyer 28,8 milliards de dinars annuellement. En somme le montant de cette allocation de solidarité, qui devrait profiter à 18 millions de personnes, devrait se chiffrer à 359,8 milliards de dinars.
Le nouveau dispositif d’aide proposé par l’organisation patronale devrait être géré par une Caisse nationale de solidarité nationale (CNSN). Quant au recensement des personnes démunies, il devrait incomber aux APC qui devraient établir un fichier national des classes défavorisées de sa mise à jour. Pour le FCE, l’impact de l’aide tout azimut que l’Etat mène depuis des années a eu des retombées négatives sur la société, estimant qu’elle a été à l’origine des abus, des déviations, des gaspillages et de l’informel qui marquent le pays. « Les fonds affectés à cette politique de solidarité ne cessent d’augmenter », a relevé le FCE dans le document transmis à la presse. Il a rappelé qu’en 2014, les sommes consacrées au soutien des prix et aux diverses subventions et transferts sociaux se chiffraient à 60 milliards de dollars, soit 30 % du PIB. Une somme qui pèse sur le budget de l’Etat en ces temps marqués par la baisse des cours du pétrole. Outre les produits de large consommation, le FCE propose la suppression des subventions accordées aux entreprises nationales telles Sonelgaz, Naftal, ADE, OAIC, ONAB en contrepartie du gel des tarifs accordés aux consommateurs.
L’organisation de Haddad estime que c’est cette subvention permanente qui a fait que ces entreprises soient molles. « Ce soutien empêche ces entreprises d’avoir une gestion rigoureuse et affaiblit leur efficacité », insiste l’organisation patronale. Le FCE prévient par ailleurs que le recours à l’assainissement cyclique des dettes de ces entreprises publiques, pour compenser les prix qu’elles pratiquent, est une solution qui va à l’encontre d’une économie visible. Il propose de ce fait l’établissement d’un calendrier d’abandon des subventions et une libéralisation des prix en une période comprise entre 6 et 8 semaines.