Le fax dénonciateur de Siemens à Sonatrach

Zenasni Ben Omar, ex-cadre dirigeant de la Sonatrach : « Sur un marché de 688 millions de dollars, Chakib Khelil a suggéré d’atténuer le pourcentage à 12,5% ! »
Le procès des ex-cades et ex-fonctionnaires du géant pétrolier national impliqués dans l’affaire dite Sonatrach 1 en était à son huitième jour, riche, hier, en déclarations concernant le premier groupe composé de huit prévenus inculpés pour plusieurs chefs d’accusation entre autres création d’une association de malfaiteurs et dilapidation de deniers publics.
L’un des principaux accusés dans ce scandale financier qui a secoué la Sonatrach au début des années 2000, à savoir l’ex-PDG Belkacem Boumediene n’a pu répondre aux questions du représentant du parquet général Boudräa Abdelaziz qui, pour la première fois, a exhibé un document qui se trouvait dans les cartons des pièces à conviction étalées sur le pupitre du tribunal, à savoir un fax qu’a adressé la société Siemens à la Sonatrach et par lequel elle lui a fait des reproches sur le non-respect des engagements et des conclusions signés dans le cadre d’une convention relative au projet des 123 infrastructures de Hassi R’mel et Ain Oum Nass.
Dans le même document, la société allemande a « menacé de se retirer de tous les projets de la Sonatrach et a émis le vœu que tous les engagements signés avec Contel soient résiliés dans les plus brefs délais et sans conditions ».
Coincé par le document en question, l’ex-vice-président de la Sonatrach a affirmé que « la société FunWerc n’a pas bénéficié de la deuxième tranche du projet relatif à la réalisation du système du contrôle électronique de toutes les infrastructures de la Sonatrach implantées à travers le territoire national ».
Dans le même contexte, l’ex-conseiller de Mohamed Meziane a indiqué que « les plus importants projets de la Sonatrach ont été octroyés à la société Siemens et non pas à Contel FunWerc ».
L’ex-directeur général adjoint chargé de l’activité amont a, par ailleurs, souligné que : « Le groupe pétrolier algérien ne procédait à la conclusion de marché de gré à gré que dans des cas exceptionnels, estimant que Contel a été retenu pour la concrétisation des marchés pour la simple raison qu’il avait auparavant réalisé plusieurs projets en faveur d’institutions stratégiques et à leur tête le MDN ».
Le mis en cause a, en outre, tenu à préciser qu’il « n’était pas membre du conseil d’administration lorsque le PDG Mohamed Meziane as reçu dans son bureau, le 28 novembre 2004, Al Ismail Djaffer Mohamed Réda et ce, dans le but de lui établir des marchés publics avec le groupe pétrolier algérien ».
L’inculpé incarcéré depuis des années à El Harrach, a répondu à une question posée par le représentant de la partie civile : « J’ai été nommé en qualité de vice-président de la Sonatrach sur décision du président de la République. J’étais chargé de gérer pas moins de 60 000 employés dont 30 000 de façon directe ! ».
Il a fait également savoir qu’il « se chargeait de la découverte des puits de pétrole à travers les différentes régions du Sud et de la production pétrolière ».
Epuisé par les questions, notamment celles du procureur général, cet ex-cadre de l’Etat a clamé en direction du juge Rekkad Mohamed et de ses deux conseillers Nadia Bouhamidi et Hakim Mansouri : « Je n’avais pas le pouvoir de la décision et je ne pouvais pas m’opposer aux ordres et directives du PDG Mohamed Meziane et de l’ancien ministre de l’Energie et des Mines Chakib Khelil. »
Il est revenu, par ailleurs sur la correspondance adressée par Chakib Khelil à l’ex-PDG de la Sonatrach et dans laquelle il lui a suggéré de lui communiquer les noms de tous les cadres et fonctionnaires qui handicapent les grands projets de la société.
L’inculpé a affirmé que « sur les 500 appels d’offre lancés par la Sonatrach, 50% ne répondaient pas aux normes pour des raisons non liée à la société ».
De son côté, le chargé des transports par les canalisations au niveau de la Sonatrach, Zenasni Omar, a avoué que l’ex-ministre Chakib Khelil a exercé des pressions à travers trois correspondances qu’il lui avait adressées pour la « finalisation du projet de la KG3 dont a bénéficié la société Italienne Saipem et ce malgré avoir proposé dans son offre plus de 49 milliards de dinars soit l’équivalent de 688 millions de dollars ».
L’inculpé a affirmé que « le marché en question était supérieur à 62% du prix initial du projet appuyant son intervention sur la décision de la commission chargée du suivi dudit projet KG 3 a décidé de baisser le marché à 15% et ont pu récupérer 103 millions de dollars alors que l’ex-ministre a proposé d’atténuer le prix à 12,5% et ce dans le but de bénéficier d’intérêts ! »
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