Le duel des sénatoriales
Ce sera le premier duel politique du secrétaire général du vieux parti depuis son accession controversée à sa tête à la fin du mois d’août 2013. Le S.G du FLN, Amar Saâdani, a pratiquement tout fait pour que le FLN reprenne sa majorité qu’il a perdue lors des élections partielles de décembre 2012.
A cette époque, fort de l’alliance inattendue entre Ahmed Ouyahia et Louisa Hanoune, le RND rafla la mise, profitant également de la déliquescence du FLN et de la crise interne qui secouait les appareils du parti, notamment dans ses structures régionales.
Alors qu’il possédait un collège d’élus fort de plusieurs milliers sur presque 28 000, le FLN a perdu environ une douzaine de sièges, dans des wilayas qui, traditionnellement, lui étaient favorables. Sur les 48 sièges, le RND avait arraché 25, alors que le FLN n’y remporta à l’arraché que 18, laissant d’autres sièges à des indépendants ou aux islamistes modérés.
Dans l’entourage du FLN, on est convaincu que cette fois-ci le scénario ne sera pas le même. « La mobilisation est forte chez nos élus et la crise interne est derrière nous », nous dit-on. En guise d’explication, on insiste également sur le principe du respect de la discipline politique que Saâdani ne cesse de faire brandir à l’endroit de ses élus des APC et APW.
C’est ainsi que le parti a décidé d’organiser des primaires pour choisir, en toute démocratie, leur propre élu pour chaque wilaya. Le vainqueur de ces primaires serait le candidat officiel du parti et devrait ainsi être accepté par tout le collège des élus du FLN. « C’est l’unique moyen pour éviter les conflits et les batailles d’arrière-garde », confie ce proche du Bureau politique.
Cette mobilisation du parti s’est caractérisée par une précampagne longue, orchestrée par des membres du comité central depuis plus d’un mois et qui a touché pratiquement toutes les wilayas. Une opération qui va s’achever dans quelques jours, en dépit des problèmes qui ont surgi dans certaines mouhafadhas où la guerre des candidats faisait rage.
Ainsi, la direction ne voulait donner aucune préférence, ni imposer des noms ou des personnalités, d’autant que les candidats potentiels sont issus du collège des élus du parti, dont la plupart des noms étaient validés par l’ancien SG Abdelaziz Belkhadem, aujourd’hui tombé en disgrâce. Visiblement, Saâdani, en tant que nouveau patron du FLN et dont le pouvoir organique et l’influence ne cessent de croître au sein des appareils, veut réussir son premier pari politique.
Bien que le congrès qu’il a organisé dernièrement fût une réussite, tout comme la session du comité central qui est venu valider toutes ses orientations et ses décisions politico-organiques, Saâdani sent qu’il lui manque surtout ce challenge important : les sénatoriales. Car c’est le seul indicateur de ses batailles politiques et médiatiques qu’il mène depuis maintenant deux ans.
Une bataille qui doit matérialiser sa rivalité manifeste contre son « allié stratégique », le RND, contre les opposants à Bouteflika et à son programme, contre les « sceptiques » au contenu de la Constitution dont on annonce fréquemment qu’elle sera révisée.
Saâdani ne cesse de clamer son « Etat civil » et surtout deux éléments importants qui n’existent pas depuis les élections législatives de 1997 : l’autonomie du FLN par rapport à des cercles « occultes » et parapolitiques et l’affirmation de la suprématie du FLN dans les institutions populaires ou étatiques.
Ce sont ces paramètres qu’il a encore mis en exergue dans un entretien avant-hier à une chaîne de télévision étrangère, allant jusqu’à fustiger le gouvernement Sellal, le qualifiant de « houkouma fachila » (un exécutif perdant), tout en insistant sur la volonté de son parti de devenir l’unique puissance politique dans toutes les assemblées (APC, APW, APN et Conseil de la nation).
Au sein du CC, on pense que le FLN a fait le nécessaire en ralliant des élus de petits partis et des indépendants pour barrer la route à ses adversaires.
Si on évite toute prévision sur les résultats des prochaines sénatoriales (on table sur une trentaine de sièges, suffisamment pour reprendre la majorité au Sénat), on ne cache point l’optimisme d’une victoire qui pourrait donner des ailes à Saâdani durant toute l’année 2016.