Le deux poids deux mesures de Chorfi
La chaîne de télévision privée El Djazaïria a été rappelée à l’ordre dimanche dernier par le président de l’autorité de régulation de l’audiovisuel, Miloud Chorfi, récemment installé . C’est la première décision prise par cette instance de régulation depuis son installation
Ce rappel à l’ordre fait suite à une émission hebdomadaire de la chaîne, « Gusto », au contenu parfois satirique et où sont croquées les diverses personnalités politiques et publiques. Au directeur de la chaîne El Djazaïria, Chorfi a lancé un avertissement verbal pour « dérives répétitives » d’une émission hebdomadaire diffusée sur la chaîne.
Cet avertissement a valeur de jugement, puisque la chaîne de télé sera observée attentivement. Et si elle commet un autre impair, les sages de l’ARAV seront là pour lui montrer les chemins de la vertu.
L’émission hebdomadaire est donc dans l’œil du cyclone de l’ARAV. Il y a cependant une politique de deux poids deux mesures dans la démarche du président de l’ARAV. Pourquoi ce responsable a-t-il fermé les yeux lorsque le sanguinaire Madani Mezrag a publiquement, face à la caméra d’une autre chaîne avoué être derrière le meurtre d’un soldat et averti qu’il reprendra le maquis si l’Etat ne satisfait ses revendications. Pourtant, cette chaîne n’a été nullement inquiétée.
Dimanche dernier, elle a consacré sa première audience à une délégation de la chaîne de télévision Ennahar. Selon le communiqué de l’ARAV, Chorfi a souligné l’impératif de « transmettre avec objectivité et professionnalisme l’information aux citoyens, loin de tout parti-pris, invectives ou diffamation, conformément à la charte d’éthique de la profession ».
Donc l’ARAV reproche à Ennahar son manque de professionnalisme, son parti-pris et les invectives violentes et la diffamation. De plus, il lui reproche un manque de rigueur dans le traitement du fait religieux en harmonie avec la vision officielle. Chorfi a également appelé « à ne pas faire des problèmes personnels et familiaux un fonds de commerce ».
Il reconnaît à demi-mot que cette chaîne verse dans le règlement de comptes en utilisant son média censé être au service du public. Enfin, cette dizaine de chaînes de télévision privées ne dispose pas d’agrément qui leur permet d’être en état de situation légale en leur donnant un statut officiel.
Elles sont toujours considérées en tant qu’entreprises privées de droit étranger. Actuellement, il existe en Algérie plus d’une dizaine de chaînes de télévision, cinq radios nationales et 47 radios locales, toutes publiques.
Les autorités algériennes avaient autorisé en 2013 trois chaînes de télévisions satellitaires de droit étranger, Echourouk TV, Ennahar TV et El Djazaïria, qui opéraient de facto dans le pays depuis 2011 à ouvrir « provisoirement » des représentations à Alger.
D’autres chaînes de télévision privées algériennes, environ une dizaine, sont également tolérées par le gouvernement depuis plusieurs mois.
D’où ce dilemme algérien….