Le cousin de Djamel Okacha arrêté à Tombouctou
Trois terroristes, dont un cousin de Djamel Okacha, ont été arrêtés par l’armée française lors d’une opération militaire menée le 10 août passé près de Tombouctou. L’arrestation des trois terroristes a été réalisée dans le cadre de l’opération « Berkhane » qui est menée, actuellement, par plusieurs milliers de soldats français appuyés par les troupes africaines issues de la force de la Cédéao. Parmi les terroristes arrêtés figure un proche du chef terroriste Okacha alias Yahia Abou El Hammam, chef d’Aqmi au Sahel. Plus connu sous le nom de Djamel Okacha, c’est un fidèle de l’émir national d’Aqmi, Droukdel, depuis 1998.
C’est la première prise depuis la mise en place de l’opération Berkhane qui a pris le relais de Serval, a souligné un porte-parole de l’armée française, ajoutant que les trois suspects « formaient une cellule dans le secteur ». Djamel Okacha est né le 19 mai 1978 à Réghaïa. Membre actif de l’ex-Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), qui devient Al Qaïda au Maghreb islamique en 2006, Okacha, cet Algérien d’origine, a rejoint le terrorisme dès les années 1990.
Son nom de guerre est Yahia Abou El Hammam. Très jeune, durant la décennie noire, il devient proche, selon plusieurs sources sécuritaires, de l’ex-Front islamique du salut (FIS) avant de rallier l’ex-Groupe islamique armé (GIA) ; ce qui, dans tous les cas, lui vaut d’être emprisonné dix-huit mois en 1995. Après sa libération, et en raison de sa proximité avec Abdelmalek Droukdel, le premier habite à Réghaïa et le second à Meftah, Djamel Okacha rejoint le GSPC dès sa création en 1998. Il passe ainsi douze ans aux côtés de l’émir de cette organisation terroriste, Hassan Hattab, avant que ce dernier ne soit remplacé par Abdelmalek Droukdel.
Okacha, de naissance boiteuse du pied droit, devient un tireur d’élite. Il participe à la fondation de la katiba « Al Moulathamoune », dirigée actuellement par Mokhtar Belmokhtar, et devient le chef de la « zone 2 » (région de Tiziè-Ouzou) et l’un des cadis (juges) au « Madjlis El Choura » du GSPC. Suite à ses actions, il est condamné à mort par contumace par plusieurs tribunaux du pays, entre autres d’Alger, de Tizi Ouzou, de Boumerdès, de Béjaïa et de Bouira.
Le chef notoire d’Aqmi est accusé dans plusieurs dizaines d’attentats terroristes commis contre les forces de l’ANP, les gardes communaux, les policiers et les gendarmes, notamment dans la région de la Kabylie. En 2003-2004, il suit Mokhtar Belmokhtar, nommé chef du GSPC pour la « zone 9 » (Sahel) et qui y fonde la « katibat Tariq ibn Ziyad », la plus active et la plus riche des katibate d’Aqmi à cette époque. Cela est dû à sa pratique des enlèvements, Okacha finalisant personnellement certaines négociations de rançons.
Il s’est distingué dans plusieurs opérations du GSPC (renommé Aqmi), dont une attaque de caserne en Mauritanie en 2005, ainsi que le meurtre d’un Américain (Christopher Leggett) et l’attaque d’une ambassade française en 2009, avant de diriger l’enlèvement d’un couple norvégien en décembre 2010 en Tunisie.
Suivant des sources, deux versions s’opposent : Dans la première, en octobre 2012, après la mort dans un accident de voiture de l’un des chefs terroristes d’Aqmi au Sahel, Nabil Makhloufi (Abou Alqama), il a pris sa succession et la tête de la katibat « El Forkane » chargée d’entraîner de jeunes recrues d’Aqmi issues du nord du Sahel. Il avait officiellement comme adjoint Abdelhamid Abou Zeid (tué en mars 2013 par l’armée française), qui avait pris le contrôle de la katibat Tareq ibn Ziyad. Dans la seconde version, il dirigeait une troupe d’élite et était l’adjoint d’Abou Zeid, lui-même émir d’Aqmi pour le Sahel.
De même, deux versions s’opposent sur ses relations en 2012 avec Mokhtar Belmokhtar : Pour certaines sources, il était resté proche du rival d’Abou Zeid, étant même l’un des fondateurs de la katibat « Les Signataires par le sang » issue de la scission de la katibat Tariq ibn Ziyad. Il l’a aidé ainsi à préparer l’attaque du site gazier d’In Amenas perpétrée en janvier 2013.
Pour d’autres, il aurait rompu avec Mokhtar Belmokhtar (qui lui reprochait de n’être pas passé par l’Afghanistan), l’ayant par ailleurs évincé auprès des katibate. Dans tous les cas, suite aux coups portés à Aqmi par l’expédition française au Mali et à la mort d’Abou Zeid, il a pris en mars 2013 à la fois la direction de la katibat Tariq ibn Ziyad et celle d’Aqmi au Sahel, dans un objectif d’unité des katibate sous l’autorité retrouvée d’Abdelmalek Droukdel.