Le contexte favorable du dialogue a dénoué le dossier des otages
Face au terrorisme, Alger l’a prouvé à maintes reprises, l’Etat algérien ne cède jamais au chantage des groupes armés lorsque ces derniers recourent aux prises d’otages.
Cela ne signifie pas pour autant que les autorités algériennes abandonnent les captifs aux mains de leurs ravisseurs. En ce qui concerne les diplomates enlevés à Gao, lors de l’attaque qui a visé le consulat algérien le 5 avril 2012, les experts en charge du dossier n’ont pas désespéré d’obtenir une libération.
Un dénouement heureux allant de pair avec l’honorable médiation algérienne, appuyée par la communauté internationale, pour un retour de la paix dans le nord du Mali.
MAA et bonnes nouvelles
Le silence obligé et la discrétion imposée dans ce genre de tractations, parfois périlleuses pour les otages, ont caché parfois une évolution positive qui aboutit soudainement à une fin heureuse. La plupart des victimes de kidnapping qui ont retrouvé leur liberté racontent comment ils ont su capter les ondes d’optimisme chez leurs ravisseurs, souvent enclins à trouver une solution négociée pour en finir avec une détention lourde à assumer dans les maquis ou dans les no man’s land et soumis à des conditions de survie difficile et à la traque des services de sécurité.
Cela a pris le temps qu’il faut en raison d’événements politiques ou sécuritaires qui prédominaient sur les négociations. A l’heure des Thuraya et de la connexion Internet cryptée, possibles à partir d’une grotte de l’Adrar des Ifoghas, les preneurs d’otages ont géré leurs contacts avec les interlocuteurs officiels.
En recourant toujours à des émissaires bien choisis parmi le dense réseau d’hommes armés ou non qui arpentent le vaste territoire sahélien. De source bien informée, le MAA loyaliste, le Mouvement arabe de l’Azawad qui se distingue de l’autre MAA par son attachement à l’intégrité du Mali, a constitué un vecteur efficace de communication entre Alger et la mouvance qui détenait les diplomates algériens.
Dialogue malien et libération
A l’exception du consul Boualem Sias décédé durant sa détention des suites des complications de sa maladie chronique, ses compagnons d’infortune avaient été réunis après avoir été séparés quelques mois à cause de l’opération Serval. Tactique de guerre consistant à ne pas risquer une neutralisation définitive de leur monnaie d’échange en cas de repérage par la coalition internationale de la MINUSMA ou les forces armées françaises.
Mais, à la faveur des derniers développements politiques ayant promu le dialogue pour tenter d’en finir avec la surenchère des armes, des émissaires bien intentionnés du MAA avaient convaincu les ravisseurs de donner des preuves d’un bon traitement des ressortissants algériens et des signes forts d’une préparation sérieuse de leur libération.
Notre source ne dit rien sur ce qui a motivé les terroristes dans cette démarche mais nous laisse entendre qu’un deal politique avait été conclu : « Vous aurez remarqué qu’on n’avait pas désigné ces ravisseurs par leur appartenance à un groupe particulier tels le MUJAO ou Ansar Eddine. En fait, le retour à la table du dialogue a provoqué une crise de ces structures subversives précaires.
Précaires par rapport à l’identité tribale qui prend le dessus sur l’obédience dans le narcoterrorisme. Alger n’a pas négocié avec les terroristes mais avec les chefs de tribus de paroles, avec des responsables communautaires crédibles. Les frères et cousins qui ont pris en otages les diplomates algériens l’ont compris.
Ils ont profité des bons offices de l’Algérie dans la réconciliation inter-malienne pour accélérer la libération des otages. En ces temps de confusion et de multiplication de groupes armés, il était évident pour les ravisseurs qu’Alger ne versera jamais de rançon, de toutes les façons et que seule la négociation était de mise ! »
Mercenaires en crise
Approche compliquée et qui peut sembler naïve, les ravisseurs se seraient-ils contentés désormais d’une place à la table des négociations pour renoncer à leurs forfaits ? La création le 26 août dernier d’un nouveau groupe « politico-militaire », le Mouvement populaire pour la sauvegarde de l’Azawad, le MPSA, qui aspire à participer à la rencontre d’Alger le 1er septembre, illustrait alors cette course au dialogue pour se positionner.
A Bamako, les analystes spéculaient sur la volonté des rebelles d’hier d’intégrer leurs troupes dans l’armée régulière malienne, comme cela s’est passé lors des précédents accords. D’aucuns parlent de grades d’officiers supérieurs pour les leaders des groupes insurgés, de sommes d’argent considérables mobilisées pour pacifier le Septentrion. De l’argent frais et propre dont les chefaillons, mercenaires djihadistes un temps, voulaient profiter en s’intégrant dans la dynamique du dialogue. On dit que le narcotrafic serait en perte de vitesse depuis que les Etats de la sous-région ont resserré l’étau.
La nébuleuse Al Qaïda serait en panne de liquidités et les défections chaque jour plus nombreuses.
Cette libération ne manquerait pas de favoriser un désarmement général des aventuriers de la rébellion pour peu que les autorités centrales de Bamako s’engagent à redéfinir leur gouvernance de ces lointains territoires déshérités. Pour un Mali rénové.