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Monde

Le casse-tête libyen de l’Algérie

Le casse-tête libyen de l’Algérie

La situation en Libye ne cesse de se dégrader depuis l’offensive lancée par les forces du maréchal Khalifa Haftar contre la capitale Tripoli, tenue par le gouvernement national libyen (GNA) début avril dernier. Si les ardeurs de l’homme fort de la Cyrénaïque ont été refroidies par la résistance des troupes du GNA, il n’en demeure pas moins que le pays est plus que jamais le terrain d’une guerre par procuration entre puissances étrangères par sous-traitants libyens interposés. Ces derniers développements inquiètent à juste titre Alger qui considère l’exacerbation des tensions chez son voisin de l’Est comme une menace pour sa propre sécurité nationale. D’où l’importance d’une gestion très particulière de ce dossier libyen.
En effet, les autorités algériennes aux prises au casse-tête politico-institutionnel né du ‘Harak’ du 22 février 2019, ont fort à faire pour gérer la ‘question libyenne’. La prudence semble de mise, il n’y a qu’à lire le communiqué de la présidence algérienne sanctionnant le tête-à-tête entre le chef de l’Etat Abdelkader Bensalah et le président du Conseil présidentiel du gouvernement d’union nationale libyen, Faïz El-Serradj, le 23 mai dernier. Ainsi, Bensalah a rappelé que « les efforts de l’Algérie, sur le plan international, n’ont de cesse de viser à parvenir rapidement à l’arrêt des hostilités et à la reprise du processus politique avec la participation de l’ensemble des forces nationales libyennes ».
Cette position ‘prudente’ renvoie à une position constante défendue par l’Algérie depuis le début de la crise dans ce pays suite à l’agression atlantiste de 2011. Elle suggère également une volonté réitérée de ne pas soutenir une partie contre une autre. Car lors de sa tournée européenne et maghrébine, Faïz El-Serradj avait pour but de dégager un large soutien diplomatico-militaire en faveur du GNA face à Haftar. D’où la volonté d’El-Serradj, selon certaines sources, de rencontrer le chef d’état- major de l’armée algérienne, Ahmed Gaïd Salah. Une fin de non-recevoir lui aurait été très diplomatiquement signifiée afin de ne pas renvoyer l’image d’un alignement algérien sur un protagoniste au dépend d’un autre. 
Même si Alger ne porte pas dans son cœur le maréchal autoproclamé de la Cyrénaïque, pour des raisons historiques et pragmatiques, l’ancien homme fort de l’armée libyenne lors du conflit avec le Tchad, fait prisonnier et envoyé aux Etats-Unis où il aurait vécu une vingtaine d’années à quelques encablures du siège de la CIA à Langley, serait l’exécutant d’une feuille de route émiratie avec le soutien actif du président Sissi d’Egypte, le modèle par excellence de Haftar.
L’escale algéroise d’El-Serradj, qui était flanqué de plusieurs conseillers militaires, aura été de ce point de vue ‘infructueuse’. L’Algérie refuse toute interférence dans le dossier libyen, la gestion de ses propres problèmes politiques en plus de sa position constance dans ces affaires de non-ingérences motive cette position. « La persistance de la situation actuelle serait susceptible d’approfondir davantage les divisions, d’aggraver les tensions politiques internes et d’alimenter, voire accroitre les ingérences étrangères », estiment les Algériens.

La Sparte du Golfe
En effet, l’offensive des troupes de Haftar lancée le 4 avril dernier contre la capitale Tripoli, siège du GNA obéit à une feuille de route qui dépasse de très loin le cadre libyen stricto sensu. La nouvelle Sparte du Golfe arabo-persique, les Emirats arabes unis, soutient à bras le corps le maréchal Haftar, à coup d’armes et de chèques. L’Egypte de Sissi, elle, souhaiterait en découdre par Libyens interposés, avec les groupes djihadistes présents en Libye et surtout de décaler la menace sécuritaire vers l’Ouest, près des frontières avec l’Algérie. Quant à la Russie, elle lorgnerait en direction des champs pétrolifères de la Libye, une façon de faire pression sur l’Europe en termes d’approvisionnement en hydrocarbures.
De l’autre côté, le trio Paris-Londres-Washington se seraient rangé contre la chute du GNA et de la capitale libyenne entre les mains de Haftar. Les Turcs injecteraient armes et mercenaires, tandis que le Qatar s’emploie à financer les anti-Haftar.
Dans ce maelström libyen, les inquiétudes algériennes sont plus que justifiées.
Le pays risque de plonger de nouveau dans une situation de guerre totale très préjudiciable pour la sécurité nationale algérienne.
D’autant plus que le maréchal Haftar a joué la carte tribale pour déstabiliser l’Ouest de la Libye et rallier les puissances tribus qui s’y trouvent. Une opération de séduction très mal vue côté algérien. Si ces tribus n’ont pas marché dans le coup, il n’en demeure pas moins que l’homme fort de l’Est dispose de capacités de nuisances qui peuvent gêner la diplomatie algérienne et surtout fragiliser la sécurité de ses frontières orientales.
Tout le monde se souvient de la rocambolesque menace proférée par Haftar à l’encontre de l’Algérie il y a quelques mois, avant de se rétracter.
Il n’en demeure pas moins, que l’enjeu principal pour les autorités algériennes, au-delà du règlement du conflit libyen, est la sécurisation de ses frontières et faire barrage à toute tentative d’incursion terroriste à partir du territoire libyen. Aqmi et Daech restent aux aguets, et les filières de trafic d’armes sont toujours opérantes entre la Libye et le Sahel.
Le déploiement des forces armées algériennes dans le Sud et le Sud-Est du pays sont un effort de guerre que l’attitude inamicale de Haftar risquerait de mettre à épreuve dans le contexte politique actuel. L’enchevêtrement des intérêts économiques sera-t-il la voie médiane sur laquelle les protagonistes d’un côté, et l’Algérie de l’autre, trouverons un terrain d’entente ? Pas très évident à l’état actuel des choses.
 



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