Le cabinet Sellal sur le qui-vive
Depuis quelques jours, on parle de plus en plus de la rentrée sociale. Bien que le gouvernement reste muet sur la question, des syndicats font valoir leurs droits de poursuivre leurs revendications socio-professionnelles.
L’été et les vacances passés, les choses sérieuses semblent aujourd’hui commencer pour le staff du Premier ministre Abdelmalek Sellal, obligé maintenant de revoir des copies ou de relancer des chantiers. En effet, plusieurs organisations syndicales, autonomes ou non, menacent de recourir aux débrayages et à des grèves de longue durée.
Trois ou quatre secteurs de la fonction publique sont touchés par cette situation : l’éducation, qui s’apprête à ouvrir les classes, la santé, toujours en proie aux malaises, alors que les collectivités locales souffrent encore de dysfonctionnements, soit à peu près deux millions de travailleurs.
Pour les chefs de ces syndicats, la période de grâce est terminée pour des ministres nommés juste après la présidentielle, et qui étaient attendus pour dénouer des crises anciennes ou nouvelles, mais aussi pour désamorcer des tensions sociales et professionnelles. On ne sait pas grand-chose sur la méthode et le degré de préparation de ces ministres pour faire face aux tensions, ni sur leurs capacités à répondre aux doléances exprimées par des syndicats.
A part la nouvelle ministre de l’Education, qui a ouvert des canaux de communication en instaurant le dialogue avec les représentants de toutes les organisations des travailleurs. Des journées d’écoute en plein été, mais qui peuvent être d’une grande utilité lors de la rentrée, quoique la ministre a fait beaucoup de promesses et de déclarations de bonne foi. Pratiquement, tous les syndicats qui ont participé aux négociations croient que le recours à la grève est devenu une nécessité depuis que certains ministres jouent aux manipulations, aux sabotages et aux divisions, misant sur le silence et les fuites en avant. Il faudra attendre les deux prochaines semaines pour mesurer le degré de mobilisation de ces syndicats et surtout leur unité dans l’action commune de la grève. Il faut juste signaler que les revendications des syndicats du secteur de l’éducation tournent autour de l’argent des œuvres sociales, leur gestion et leur contrôle, la médecine du travail et la possibilité d’inclure certaines maladies dans la nomenclature sanitaire, et enfin le statut futur des postes qui vont disparaître de la nouvelle grille.
Même topo dans le secteur de la santé, qui vit une situation difficile depuis quelques années. La mauvaise gestion et les scandales qui éclaboussent ce secteur n’ont guère épargné le ministre, qui avait au début montré une certaine disponibilité et de l’enthousiasme, avant de geler le dialogue avec les syndicats du secteur. Aujourd’hui, des histoires de primes et de statuts, notamment concernant les praticiens, le personnel paramédical ou chez les travailleurs issus des collectivités locales restent d’actualité. Depuis quelques jours, on a noté une grande volonté chez les syndicats d’aller vers le bras de fer, surtout depuis que des organisations sectorielles ont réussi à unifier leurs rangs et à créer une intersyndicale.
Bien que leur silence dure depuis longtemps, les syndicats de l’administration publique, notamment des collectivités locales, font état de nouvelles revendications que la dernière réforme de leur statut de la fonction publique n’a pas pris en compte.
On ne connaît pas le détail de ces demandes, sauf sur la question de la grille des salaires et le calcul de certaines indemnités, ainsi que la revalorisation d’autres métiers dans la nomenclature et la classification des emplois.
Quoi qu’il en soit, ces secteurs, en plus des syndicats de l’enseignement supérieur, risquent de connaître une rentrée délicate, si le gouvernement ne répond pas ou ne daigne pas expliquer dans la transparence son refus d’appliquer ou d’accorder des avantages contraires à la loi ou aux dispositifs réglementaires de la fonction publique.
Des informations font état, cependant, d’une réaction du Premier ministre et de ses services, qui préparent des réponses adéquates à cette rentrée, notamment lors d’un Conseil des ministres qu’on prévoit vers la fin de ce mois.