Le bégaiement de l’enfant : savoir écouter ce qu’il dit et non comment il le dit

Le bégaiement, d’où il vient, et comment le soigner ? Le bégaiement est un trouble de la fluidité de la parole. Il se manifeste par des répétitions involontaires de mots, des prolongements de sons ou par des pauses ou blocages dans la parole. Ce trouble empêche la personne qui en souffre de s’exprimer en continu, et nuit, par conséquent, beaucoup à sa parole.
La personne qui vit avec un bégaiement durant une longue période sans être traitée peut développer d’autres comportements comme éviter le regard de l’interlocuteur, se frapper une jambe pour faire sortir le mot, ou éviter les mots qui la font bégayer.
Le bégaiement fait souvent son apparition entre l’âge de deux et cinq ans, souvent au moment même où se développe le langage. Dans quelques cas, le bégaiement apparaît tardivement. À noter qu’un bégaiement qui survient après 5 ans a plus de chances de persister à l’âge adulte, et qu’un individu qui bégaie à environ 3 fois plus de chance d’avoir un enfant bègue.
Sa cause est génétique dans 60 pour cent des cas. Sur le plan physique, le bégaiement est un problème de coordination entre la respiration, la production de la voix (phonation) et la prononciation des sons (articulation). Elle n’est nullement causée par des facteurs de la personnalité comme la timidité, la nervosité ou le fait de « penser trop vite ».

Le bégaiement est un problème de coordination
Le bégaiement aurait surtout une origine génétique. Les troubles d’élocution seraient dus à une dysrégulation de l’expression des récepteurs dopaminergiques chargés de la transmission des messages nerveux. Des différences anatomiques et fonctionnelles dans les régions spécialisées du cerveau (hémisphère droit et hémisphère gauche) en résultent. Des années 30 à ce jour, 9 gènes liés au bégaiement ont pu être identifiés.
Des gènes mutés qui affectent directement le neurométabolisme. Les mécanismes d’action n’ont toujours pas été clairement identifiés.
En dehors de l’aspect génétique (bégaiement développemental persistant) et neurologique, le bégaiement est étroitement corrélé à un déséquilibre psychique ou mental plus ou moins profond (bégaiement acquis) et à une qualité de vie inadéquate chez l’adulte.
Les études montrent que les garçons seraient 4 fois plus concernés par le bégaiement que les filles. De plus, la persistance de ce trouble de l’élocution à l’âge adulte serait plus fréquente chez l’homme.
Symptômes du bégaiement
Le patient bègue souffre de diffluences involontaires et incontrôlables de la parole qui le pousse à fournir un effort supplémentaire sur l’articulation. Ce trouble de la parole empêche une expression orale libre et spontanée.
Les symptômes sont clairement audibles et se manifestent par des blocages et prolongations dans la parole ; des pauses vocales du souffle ; des répétitions saccadées involontaires de la première syllabe ; des répétitions involontaires d’un mot et d’un phonème.
Certains troubles associés à un bégaiement plus prononcé peuvent parasiter le discours, on parle alors de bégaiement par inhibition, et se manifestent par un raidissement des muscles (sidération de la parole) ; de la crispation de la mâchoire et du cou ; une perte du contact visuel pendant le discours ; les clignements des yeux ; la révulsion des globes oculaires ; des spasmes respiratoires ; des rougeurs et sueurs.
Il existe un autre type de bégaiement qui se manifeste par une omission et une substitution de mots. On parle de bégaiement intériorisé ou masqué. Les personnes bègues tentent alors de cacher leur difficulté à construire un discours fluide.
Certaines circonstances peuvent accentuer le trouble, par exemple, lorsque le message à passer est complexe ou lorsque le patient doit s’exprimer devant plusieurs personnes. D’une façon générale, plus la personne est stressée, plus son bégaiement est important.
Les retentissements du bégaiement sur la vie sociale font de ce trouble un vrai handicap, généralement mal compris. Il peut, en effet, entraîner de la gêne, du rire ou du rejet, et être à l’origine d’une grande souffrance psychologique.
Diagnostic du bégaiement
On ne connaît pas de façon certaine les causes de ce trouble du langage. Il est toutefois possible de le guérir par des traitements orthophoniques et/ou psychologiques.
Une consultation médicale avec un orthophoniste est recommandée pour un enfant de moins de 4 ans, lorsque le patient présente des signes de bégaiement depuis plus de 6 mois, ou un ou plusieurs membres de la famille présente un bégaiement. Après l’âge de 4 ans, il est préférable de consulter immédiatement lorsque des troubles de bégaiement surviennent. En effet, après cet âge, il est rare que le trouble disparaisse spontanément.
Lors de la consultation, l’orthophoniste détermine si le patient présente réellement un bégaiement. Il détermine également le degré de sévérité du trouble. De ces observations, le professionnel de santé va ainsi établir les objectifs d’intervention. En règle générale, plus le dépistage du bégaiement est effectué tôt, plus le traitement sera court. Une prise en charge précoce évite que ce trouble ne se transforme en un véritable handicap qui pousse l’enfant à se replier sur lui-même.
La plupart du temps, ce trouble de la parole disparaît spontanément chez l’enfant au bout de quelques mois. Si le problème persiste au-delà de 5 ans, il est recommandé de consulter un orthophoniste pour commencer une rééducation.
Traitement du bégaiement
Différentes approches psychanalytiques, neuropsychologiques et comportementalistes sont mises en œuvre afin d’assurer la prise en charge du patient bègue. Des soins qui reposent essentiellement sur un suivi par un orthophoniste. D’autre part, les psychothérapies sont couramment utilisées et permettent une action plus rapide en prenant en compte différents facteurs parmi lesquels : corps / psychisme ; conscient / inconscient ; individu / famille ; passé / présent.

Faire preuve de patience avec un enfant bègue
Différents types de psychothérapies peuvent être proposés comme l’’hypnose impliquant l’état de conscience de la personne ; les thérapies cognitivo-comportementales qui consistent à modifier consciemment les schémas de pensée du patient ; le programme Lidcombe qui est destiné aux plus jeunes (fondé sur un renforcement positif et un conditionnement opérant en instaurant un cadre structuré au quotidien) ; le programme Camperdown : approche australienne qui repose essentiellement sur l’auto-évaluation.
En dehors de la prise en charge thérapeutique, devant un enfant qui bégaie, plusieurs conseils peuvent être appliqués par l’entourage afin de ne pas amplifier le trouble comme écouter ce qu’il dit et non comment il le dit ; ne pas faire remarquer à l’enfant qu’il est en train de répéter ; éviter de mentionner le bégaiement de l’enfant avec l’entourage ; ne pas s’impatienter devant un enfant qui répète les mots ; aider l’enfant à communiquer en lui parlant lentement et en prenant le temps de l’écouter ; ne pas compléter les phrases du patient pour lui ; éviter, dans la mesure du possible, les situations de communications stressantes ; lorsqu’on lui parle, utiliser un débit un peu plus lent et des phrases simples et complètes ; lorsque l’enfant est dans une bonne période, choisir des activités plus verbales comme raconter une histoire ou jouer à un jeu de société. Par contre, s’il est dans une période plus difficile, choisir des activités demandant moins de langage comme faire du bricolage ou un casse-tête ; si l’enfant a moins de 5 ans, il n’a pas encore terminé son apprentissage du langage. Il est donc normal qu’il fasse encore des erreurs. Éviter de le faire répéter si on a compris son message.
Répéter plutôt correctement ce qu’il vient de dire ; l’enfant hésite davantage lorsqu’il est fatigué, contrarié ou fâché ; si l’enfant semble inquiet au sujet de sa façon de parler, le rassurer en lui disant que nous avons tous des moments où nous hésitons…
La prise en charge en orthophonie a pour objectif de rendre la parole fluide à l’enfant. Les exercices se focalisent d’abord sur les mots, puis les phrases, et enfin sur la conversation dans sa globalité. En général, le bégaiement se traite bien. Et cela, d’autant plus si l’intervention est précoce, à savoir avant l’âge de 4 ou 5 ans.
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