Le 1er novembre 1954 revisité à Tizi Ouzou

Le 1er novembre 1954 et ses répercussions ont été revisités, ce mardi, dans la petite salle de la maison de la Culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou, à l’issue d’une conférence animée autour de ce thème par Khelifa Mederess, Ahmed Serridj, tous deux membres actifs de la Fédération FLN de France, Nabila Zeouiche, universitaire, et Mourad Ferroudj, chercheur en histoire et fils d’un ancien membre de la Fédération FLN de France.
Khelifa Mederess a souligné d’emblée que le déclenchement du 1er novembre 1954 a été le résultat d’un processus qui remonte à 1926. Le conférencier s’est ensuite focalisé sur la lutte armée menée par le FLN sur le territoire de la métropole. « A la veille des négociations d’Evian, les capacités de la Fédération FLN de France permettaient, si le besoin se faisait ressentir, de détruire toutes les centrales électriques de France et brûler toutes les forêts, et ce en sus des innombrables attaques d’infrastructures économiques ».
Pour appuyer ses dires, Khelifa Mederess a révélé qu’au début de la décennie 1960, la Fédération FLN de France avait 222 groupes de choc prêts à passer à l’action à tout moment et n’importe où. Avec ses stocks d’armement et de munitions, elle pouvait mener la guerre pendant au moins une dizaine d’années.
Lui-même membre d’un groupe de choc dès les premières années de la guerre et mobilisé dès que le FLN a sonné le tocsin, le conférencier a indiqué que durant ces années de feu, les groupes de choc de la Fédération FLN de France ont, en sus des nombreuses opérations de sabotage d’installations économiques, réussi à éliminer physiquement 250 policiers, 70 harkis, une soixantaine de mouchards et délateurs ainsi qu’environ 2 500 Messalistes. « Hélas, les factions armées messalistes ont tué 2 500 des nôtres », a reconnu le conférencier. Il a révélé aussi que parmi la communauté algérienne basée en France, 20 000 personnes ont été faites prisonnières et réparties à travers 89 prisons et 4 camps de concentration. En mettant l’accent sur l’apport financier de la Fédération FLN de France, Khelifa Mederess a affirmé que chacun des prisonniers percevait un montant de 5 000 francs par mois et un avocat lui était assuré.
La Fédération FLN de France était respectueuse des lois de la guerre. « De toutes les actions armées que nous avons menées en territoire français, pas une seule fois nous avons ciblé un civil », a indiqué le conférencier, avant de mettre en exergue, encore une fois, la grande discipline et le sens aigu de la politique du FLN. Dans ce sens, il a cité l’exécution du député Ali Chekkal, le 26 mai 1957, par le moudjahid Omar Bensadok, alors qu’il sortait du stade où il avait assisté à un match de football aux côtés de René Coty, président de la République française. A la question des enquêteurs de savoir pourquoi il n’avait pas tiré sur le président de la République, Omar Ben Sadok, avec sang-froid, leur avait répondu : « J’ai reçu l’ordre d’abattre Ali Chekal et non René Coty. »
L’élimination d’Ali Chekkal alors qu’il se trouvait aux côtés du président de la République avait, selon le conférencier, toute sa symbolique. Elle a démontré la capacité du FLN à atteindre n’importe quelle cible. Pour sa part, Ahmed Serridj est intervenu sur l’apport purement financier assuré par la Fédération FLN de France. Et sur ce chapitre, il a indiqué que 80 % du budget de fonctionnement du GPRA était assuré par la Fédération de France.
Idem concernant les achats de l’armement. Concernant l’acheminement de ces armes en Algérie à partir des années 1958 -1959, il se faisait par bus et, bien sûr, avec l’accord de leurs propriétaires, des députés et sénateurs algériens qui, en dépit de leur statut, avaient embrassé la cause du FLN.
Selon Ahmed Serridj, ces bus, achetés avec l’argent de la Fédération FLN de France et dont les propriétaires étaient des sénateurs et des députés, ne subissaient aucun contrôle au niveau des douanes. C’est ainsi, selon le conférencier, que de grandes quantités d’armes et de munitions sont arrivées dans les maquis en Algérie. En aparté, Ahmed Serridj a indiqué au Jeune Indépendant que les régions d’Oran, Mostaganem, Constantine et Tizi Ouzou accueillaient chacune trois bus. Plusieurs autres détails d’une importance historique certaine ont été dévoilés à l’issue de cette conférence, suivie avec assiduité par le public.
Allez à la page entière pour voir et envoyer le formulaire.