L’armée arabe commune protègera-t-elle Gaza ?

La menace terroriste transnationale ne devrait-elle pas amener l’Algérie à revoir ses mécanismes de lutte contre ce phénomène, notamment sa doctrine militaire qui l’empêche de mener des opérations en dehors de ses frontières ? Pourquoi des nations se coalisent et unifient leurs troupes pour aller frapper cet ennemi commun dans ses propres fiefs, comme ils l’ont fait en Syrie ou en Irak, ou plus récemment en Libye et au Yémen ?
On se souvient que certains observateurs étrangers étaient étonnés que notre armée ne puisse intervenir au-delà de nos frontières, alors que ses services de renseignements signalaient une présence de groupuscules terroristes à quelques kilomètres du territoire.
D’autant plus que ces groupes terroristes menaçaient directement des cibles algériennes.
Ces observateurs ne comprenaient pas comment un pays comme l’Algérie, première nation dans la lutte contre le terrorisme, dont les diplomates sont actifs sur le plan diplomatique et dans les forums internationaux, refuse d’adhérer dans une démarche qui mobilise des unités opérationnelles, au-delà de ses frontières, pour attaquer des bandes nuisibles et sanguinaires.
D’ailleurs, l’attaque du site gazier de Tiguentourine par un groupe terroriste cosmopolite et venant du territoire voisin de la Libye, devrait être un excellent prétexte pour changer cette doctrine militaire, aux dires de nos analystes.
L’Algérie est attachée au principe de non-ingérence dans les affaires internes des Etats, mais rien n’empêche de réviser sinon de remettre en cause les mécanismes de lutte contre le terrorisme. D’autant que cela touche des pays démunis, complètement fragilisés par des troubles internes et ingouvernables.
Bien évidemment, l’idée de création d’une force commune arabe, telle qu’on l’a présenté lors du sommet de Charm El Cheikh, est venue pour faire « face aux troubles sans précédents » que connaît le monde arabe.
Depuis quelques années, ces troubles ont déstabilisé la région, provoquant la chute de régimes, l’émergence de guerres civiles et la déstructuration progressive des sociétés et des économies de ces pays. Partout, c’est l’instabilité qui s’installe, comme en Syrie, en Irak ou en Libye, amenant de hauts dirigeants arabes à dire que « l’âme arabe et son identité sont menacées de disparition » et qu’il fallait réagir face aux hégémonies « perses, turques ou autres plus confessionnelles ».
Pourtant, cette Ligue est une organisation régionale souvent divisée. Composée de 22 membres dont l’Égypte, l’Irak, l’Arabie Saoudite et la Jordanie, la Ligue arabe cherche, pour la première fois depuis 65 ans, la signature d’un accord de défense commune et à créer une force militaire unifiée.
La formation et le déploiement de cette force pourraient prendre plusieurs mois. Les différents membres d’état-major ont trois mois pour présenter leur programme devant la Ligue arabe. L’Algérie se dit prête à adhérer à cette entreprise, tout en la soutenant dans les domaines de la logistique, du transport des troupes et des armements. Autrement dit, pas de déploiement d’unités au sol ou de troupes de combat.
C’est exactement ce qu’a reproduit notre pays comme position lors de la constitution d’une force d’intervention africaine en Somalie afin de déloger des mouvements terroristes. A cette époque, l’Algérie avait mobilisé une quinzaine d’avions pour transporter les troupes ougandaises et burundaises.
Or, le contexte de la création d’une force africaine et celui qui prévaut actuellement dans le monde arabe sont diamétralement opposés. Pour le cas algérien, cela est très délicat comme approche. Soulevée par de nombreux observateurs, l’équation est complexe et mérite bel et bien un débat interne en toute démocratie.
Faut-il applaudir cette nouvelle armée qui va sauver des populations en danger d’une menace qui reste à définir ou garantir la stabilité et la sécurité dans certaines zones à risques ? Que faut-il en penser quand demain l’armée d’occupation israélienne bombardera encore une fois la bande de Gaza ? Cette armée arabe va-t-elle réagir pour sauver les Palestiniens ?
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