L’Argentine annule une distinction décernée à Maurice Papon, le tueur des algériens

L’Argentine a retiré une médaille de mérite , décernée il y a 44 ans, à Maurice Papon, l’ancien préfet de Paris, tristement célèbre pour avoir ordonné le massacre de plus de 200 algériens lors des manifestations pacifiques du 17 octobre 1961 dans la capitale française à l’appel du Front de Libération national (FLN).
Mardi 9 mai, le président argentin Alberto Fernandez a annoncé que son gouvernement retirait officiellement une décoration que l’ancienne dictature militaire argentine avait attribuée, en 1979, à l’ex-préfet de Gironde sous Vichy. En l’occurrence, l’Ordre de Mai, une décoration récompensant des étrangers « qui par leurs efforts ont contribué au progrès, au bien-être, à la culture ainsi qu’à la bonne entente et à la solidarité internationales » et « méritent la gratitude de la nation » argentine.
« Nous avons décidé de révoquer la décoration qui avait été décernée à Maurice Papon, jugé et condamné par la justice française et qui a envoyé 1 600 Français, dans les camps de concentration, dont 200 jeunes garçons et jeunes filles », a déclaré le président argentin dans un communiqué relayé sur le site de la présidence.
« Maurice Papon s’est rendu responsable d’actes incompatibles avec l’esprit et le but de l’ordre, a été jugé et condamné [en 1998] pour complicité de crimes contre l’humanité », précise le texte,
La médaille argentine de Maurice Papon lui avait été remise par le dictateur Jorge Rafael Videla, lors d’une visite officielle en Amérique du Sud, le 4 avril 1979. A l’époque, l’ancien secrétaire général de la préfecture de Gironde pendant l’Occupation allemande, puis préfet de police de Paris et, enfin, ministre de la Ve République, n’avait pas encore été rattrapé par son passé en France – il le sera en 1981. Inculpé puis incarcéré jusqu’à 2002, Papon décéde en 2007.
Le président Français Emmanuel Macron a dénoncé la répression sanglante de la manifestation pacifique d’Algériens à Paris.
« Cette tragédie fut longtemps tue, déniée ou occultée », indique la présidence, qui qualifie cette soirée du 17 octobre 1961 de « répression sanglante ». « Les crimes commis cette nuit-là sous l’autorité de Maurice Papon sont inexcusables pour la République », avait indiqué M. Macron dans un communique publié à l’occasion du 60e anniversaire de ce massacre.
Ce soir-là, des centaines de manifestants pacifiques algériens, qui dénonçaient le couvre-feu auquel ils ont été soumis par Papon, avaient été battus, tués par balle ou jetés dans la Seine part la police. Des corps d’algériens noyés n’ont jamais été retrouvés.
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